Alors
que les trois experts mandatés par les Nations unies poursuivent leurs
entretiens à Bujumbura, la bataille de la communication continue au
Burundi. Cette semaine, les autorités ont présenté une fosse commune
découverte dans le quartier dit contestataire de Mutakura. Si les
ossements de seulement 3 corps ont été exhumés, elles affirment que 30
personnes s’y trouvent et accusent les manifestants opposés au troisième
mandat du président Nkurunziza. Les victimes seraient des membres des
Imbonerakure (le mouvement de jeunesse du parti au pouvoir), selon le
maire de Bujumbura. Mais dans ce discours, l’opposition et la société
civile pointent plusieurs zones d’ombre, et ce, d’autant plus que le
président de la Commission nationale indépendante sur les droits de
l’homme (CNIDH) a nuancé ces affirmations. Le parti au pouvoir s’est
exprimé à propos de cette affaire dans un communiqué.
Les fouilles devaient reprendre mardi mais elles ont finalement été suspendues. « Il s’agit de laisser place aux experts médicaux pour déterminer si la fosse est récente » explique Jean-Baptiste Baribonekeza, le président de la CNIDH.
Selon lui, il est prématuré de se
prononcer sur la date, les circonstances ou les responsables de la mort
des trois personnes dont les corps ont été retrouvés. « Il convient de ne pas trop anticiper. Ça peut être des personnes proches du pouvoir, comme ça peut être des citoyens ordinaires », explique-t-il.
Les affirmations des autorités semblent
donc reposer sur les aveux des présumés responsables mais selon le
journal Iwacu, ces derniers portaient les marques d’un passage à tabac
lors de leur présentation à la presse.
Et il ne s’agit pas du seul point qui fait douter Pacifique Nininahazwe, membre de la société civile en exil. « Qu’on
trouve une fosse commune dans un quartier vide, dans une maison
inhabitée, tout près d’une position militaire, il y a lieu de douter, déclare-t-il. Il
y a un homme qui avait été présenté comme arrêté à Mugamba, au sud du
Burundi, et qui lundi a de nouveau été présenté comme un homme qui se
serait rendu et qui était témoin de l’existence d’une fosse commune. »
Hier, la police n’était pas joignable
pour répondre à ces questions. Quant à l’existence supposée de neuf
charniers à Bujumbura et dans sa périphérie, « les informations des Nations unies n’étaient pas assez précises
» répond le président de la Commission nationale indépendante sur les
droits de l’homme. Interrogé sur la carte présentée par Amnesty
international qui localise précisément l’emplacement d’une possible
fosse commune, il dit ne pas s’en souvenir.
Guerre de communication
Le CNDD-FDD s’est dit « accablé »
par la découverte d’une fosse commune et accuse les manifestants
opposés au troisième mandat du président Pierre Nkurunziza. Comme à
plusieurs reprises ces derniers mois, il prend à partie le président du
Rwanda voisin ainsi que les journalistes des médias internationaux.
« Ce sont des menteurs dont le rôle majeur est de retourner les informations contre un pays ou un pouvoir indésirable », a déclaré Daniel Gélase Ndabirabe, le porte-parole du CNDD-FDD.
Dans une conférence de presse, les
autorités ont à nouveau nié l’existence des fosses communes identifiées
par l’ONU et par Amnesty International.
Côté opposition, on dénonce des montages. Pacifique Nininahazwe, membre de la société civile en exil, évoque « une contre-attaque médiatique de la part des autorités »
qui cherchent, selon lui, à retourner les arguments de l’opposition
contre cette dernière. De plus, il plaide pour une force internationale
de protection des citoyens.
Les deux camps peuvent commettre des
tentatives de manipulation. Mi janvier par exemple, une vidéo diffusée
sur France Télévisions montrant l’assassinat supposé d’opposants s’est
avéré être un faux.
Si une minorité de la population accède à
internet, l’enjeu est tout de même de taille, car il s’agit de
convaincre l’opinion internationale. Ainsi, le CNDD-FDD termine son
communiqué par un appel à lever les sanctions économiques qui visent le
Burundi.
Pour rappel, le pays est plongé dans une
grave crise financière et l’Union européenne étudie actuellement la
possibilité de suspendre son aide qui représente environ 20% du budget
national.
le 04-03-2016 à 01:05, http://www.rfi.fr/afrique/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Avis aux lecteurs,
Dans le soucis de préserver l'originalité des articles et le respect des auteurs ...
Dorénavant, ceux qui veulent faire des commentaires sur les articles sélectionnés par notre Webmaster sont priés de rédiger des articles et les envoyer via notre mail (bujanews@gmail.com) pour publication.
Fidèle à notre sens du partage de l'information, nous vous garantissons la publication de vos articles.
Merci de la bonne compréhension.
La Direction des Publications
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.