jeudi 7 juillet 2016

"Subjectivité de pouvoir" ou "Vision d'une nation" ???

Le Burundi vient de passer cinquante quatre ans après le départ du colonisateur. Il a connu onze Chefs d’Etat dont deux Rois et huit Présidents - un ayant fait deux fois –, neuf Premiers Ministres et seize Vice Présidents. Tout cela dans autant de Gouvernements, pas moins d’une trentaine et une pléthore de ministres des générations successives.

Le constat est qu’à chaque période, il y a ceux qui aiment le pouvoir, le protègent au point de tout sacrifier et d’autres qui le dénigrent au point de le détruire. Et pour cela il faut trouver des raisons échappatoires : ethnies, régions, partis, convictions, … et malheureusement pas le bien être même si s’en est l’alibi.

Au fait qu’en est-il de la Vision d’une Nation qui doit se construire? Que signifient la continuité de l’Etat, la responsabilité des autorités? Et le peuple alors qui croit aux paroles des uns et des autres espérant le meilleur?

Le Mouvement Orange essayant de comprendre, perce doucement la psychologie des personnes au pouvoir, et retrouve presque les mêmes appréhensions quand il s’agit de penser « pays/pouvoir/peuple ». Le pays c’est quand les miens vont bien, le pouvoir c’est quand les miens donnent l’ordre, le peuple c’est celui qui croit en notre groupe. Les autres sont des ennemis, ils n’aiment pas le pays, ils détestent notre pouvoir, ils n’aiment pas la volonté du peuple. Nous vivons cette philosophie depuis l’indépendance à l’exception de quelques rares espoirs. Pauvre classe dirigeante.

Et on se pose la question « pourquoi un burundais arrive-t-il à vouloir gouverner, à occuper une parcelle de pouvoir? ». De la colline, commune, entité administrative, province, ministère, … est-ce pour une Vision d’un Burundi qu’il pense, qu’il dessine et voudrait voir pour tout le peuple ?

Le Mouvement Orange est désolé de dire que le plus souvent c’est pour occuper la place de quelqu’un qui nous a fait du mal un jour parce qu’on veut lui remettre la monnaie de sa pièce. La motivation est une petite différence ethnique ou partisane, mais elle est suffisante pour mobiliser tous les moyens de vengeance. Dommage pour nous que la vision ne soit pas cette motivation, bien de choses auraient été sauvées.

Durant plus de cinquante ans, on se retrouve dans une série malheureuse de « j’aime et je n’aime plus ». Ceux qui aimaient le pouvoir du Roi, doivent haïr celui de Micombero et ceux qui aimaient ce dernier doivent détester Bagaza, ceux-ci détestent Buyoya, tous ceux là détestent Ndadaye si la notion d’ethnie s’implique, et ainsi de suite. Chacun se dit en tête, ce que je n’ai pas eu sous le royaume je peux l’avoir avec la république, ce que je n’ai pas eu sous les tutsi je peux l’avoir avec les hutu, ce que je n’ai pas eu sous les anciens forces armées burundaises je peux l’avoir avec les rebelles, ce que je n’ai pas eu sous le parti je peux l’avoir avec la société civile, et ainsi de suite. Et personne ne se pose la question de ce qui aura changé pour le pays, seulement pour son groupe et souvent sa famille. Des gens très habiles s’arrangent pour faire partie de tous les pouvoirs « basaba uwimye », ils changent d’identité pour tout devenir. D’autres détestent tous les pouvoirs tant qu’ils n’y ont pas de place, tantôt pour le pouvoir tantôt opposants, et se contredisent après une lune. Tel étant le malheur d’un manque de vision. On sert un pouvoir, on sert un groupe d’intérêt, on sert un individu. On aime aujourd’hui et on déteste demain, on est heureux pour souffrir après, et qui que l’on soit on demeure dans la peur de changement de pouvoir, un pouvoir subjectif selon les sujets.

Chers compatriotes et surtout les jeunes d’esprit et pas nécessairement d’âge, le Mouvement Orange tire votre attention sur l’appartenance groupusculaire. Les groupes passeront mais la Nation restera. Le salut d’une jeunesse passera par une vision nationale commune que les pouvoirs « objectifs » doivent servir et non le contraire. Les individus, les groupes, ne doivent être plus que des acteurs au service d’une vision. Quand les individus et les groupes deviennent la finalité du pouvoir, alors adieu la Vision et plus jamais le développement, bonjour les conflits éternels jusqu’à la mort des compatriotes.

Chers Burundais, chers amis, ne soyons pas surpris de tout ce qui nous arrive, c’est une conséquence logique de notre cupidité. Notre appartenance excessive aux groupes, notre allégeance aux chefs, notre peur d’ouverture, voilà ce qui nous empêchent de concevoir une vision commune. Nous avons pleins d’enfants clairvoyants, des leaders exceptionnels dans nos groupes, mais nous pesons de toute notre méchanceté sur eux en les traitant de bêtes, d’idiots parce que nous avons peur de l’avenir. Or pour croire en l’avenir il faut une vision, tel que le chef se dise je ne suis pas éternel, il y aura un autre chef après moi, je fais la fondation, l’autre fera le mur et le suivant la toiture. Que c’est dommage qu’un pays ait une même longévité que son chef, ohhh Zaïre de Mobutu !!!

Le Mouvement Orange a du pain sur la planche, rien ne sera facile car ces habitudes ont pris racine dans une peur malheureuse des ainés et des jeunes semblent embarqués. Mais fort heureusement le leadership n’a jamais été légion. Réjouissons nous que le temps mettra à nu toutes les forces du mensonge et de bassesse. Le Burundi visionnaire est possible, il est en marche peut importe les antagonismes primaires.

Francis ROHERO

12 commentaires:

  1. Dieu est grand! Je suis agréablement surpris de lire cet article de Monsieur francis ROHERO. c'est un revirement à 180° pour ce Monsieur qui, souvenez-vous, intervenait à longueur de la journée à travers les différents médiums pour vilipender les anciens dignitaires et louer les dirigeants d'alors dans les années 2005-2006-2007. je vois que le Burundi peut guérir du mal qui le ronge depuis l'indépendance et je l'encourage dans ce sens du moins l'orientation qu'il essaie de nous faire comprendre. Time will tel!!!

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    1. Qui es-tu pour mener une telle observation? Je ne connais pas Francis Rohero mais son analyse au moins nous ouvre les yeux. "Abarundi nico gituma ataco tuzovamwo". Critiquer oui, mais où sont les actes concrets pour nous sortir de ce merdier? Où sont allés les vrais "Bashingantahe" batunganiriza abandi?

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    2. Monsieur ou Madame Anonyme, si l'analyse de Mr Francis vous ouvre les yeux pour voir que "Abarundi nico gituma ataco tuzovamwo", je lui recommanderais de retoucher son article au moins pour vous! Sinon vous attaquer à tout un peuple de la sorte est trop oser. Merci de vous être resaisi.

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  2. Bonjour à tous. J'interviens très rarement, mais, permettez-moi de féliciter l'auteur de cet article; si tout le monde effectivement pouvait y tirer une leçon et particulièrement en ce moment crucial que traverse Notre Chère Patrie le Burundi.

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  3. « Le salut d’une jeunesse passera par une vision nationale commune que les pouvoirs « objectifs » doivent servir et non le contraire ». Francis ROHERO.

    Commentaire : Cher Francis ROHERO, votre réflexion est respectable. Mais, ami, pensez-vous vraiment que tous les habitants d’un même pays comme le Burundi peuvent avoir une « vision commune » de politique, d’économie, de progrès, de développement, d’évolution, etc. ? Réfléchissez un peu sur l’échec du communisme léniniste et marxiste, en ex-URSS, qui voulait contraindre tout le grand peuple soviétique à une vision commune que seul l’Etat communiste traçait. Constatez l’échec Communiste dans la Chine actuelle qui veut que tous les « bons chinois » regardent dans la même direction que l’Etat, un Etat qui refuse les idées évolutionnaires - non « révolutionnaires » - qui viennent d’ailleurs, même de son propre peuple.
    A mes yeux, une vision commune est aussi un slogan, un dogme politico-économique, c’est un rêve, une chimère, excusez le terme.
    Je pense que pour un dirigeant politique ou autre, le respect, la tolérance de la vision conforme à l’harmonie, la beauté et la bonté, de chacun et chacune de ses citoyen, constitue un grand atout de progrès, de développement, de réussite. Le respect de la pensée, autrement dit, de la vision de chacun est un gage de la démocratie et de la bonne gouvernance. C’est un aspect du développement, non seulement économique mais aussi de l’éthique, de conscience et d’esprit. Pour y arriver, il faudrait plutôt que les Ministères de l’Education du monde repensent et révisent l’éducation et lui donnent une orientation humaniste, spiritualiste, mystique. Je ne doute, en aucun instant, que l’échec cuisant dans le développement des pays du monde est le résultat de l’orientation de l’éducation dans le seul sens de l’économisme cupide qui ne respecte ni l’écologie environnementale, ni l’écologie spirituelle. C’est un économisme qu’on peut caractériser sans tort d’ « in-humaniste ».
    A mon humble avis, le salut de la jeunesse du Burundi et des autres peuples est envisageable seulement à partir d’une « bonne vision » dans l’éducation et l’enseignement complets, comme ceux véhiculés par les écoles, les sociétés et les ordres mystiques, philosophiques, traditionnels mondiaux. Simplement, parce que ces écoles, sociétés et ordres qui existent, développent la puissance de la pensée par la pratique de la visualisation, de la concentration, de la création mentale comme le fait le yogi par exemple. Et la pensée développée, concentrée et dirigée vers un idéal d’humanité me paraît un facteur indiscutable du développement matériel et de l’évolution spirituelle.
    Votre idée : « Les individus, les groupes, ne doivent être plus que des acteurs au service d’une vision (commune) » est à réfléchir. Tandis que votre réflexion suivante est intéressante et permettez que je lui fasse quelques annotations : « Notre appartenance excessive aux groupes, notre allégeance aux chefs, notre peur d’ouverture, voilà ce qui nous empêchent » [de progresser et d’évoluer vers un idéal universel commun : la charité, NDLR], « de concevoir une vision commune » [de Bien Suprême : l’Humanisme et la Spiritualité, NDLR]. http://www.blog-rose-croix.fr/a-propos-de-l-humanisme/

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    1. Merci Monsieur Ndamanisha Cassien, vous dites des choses que j'apprécie et qui sont réelles dans l'historique de la politique mondiale. J'attire votre attention sur le fait que la Vision dont nous parlons n'est pas une organisation genre un parti unique tel que vécu dans certains pays, un système ou tout autre moyens de mobilisation, mais un idéal à atteindre et pour le Mouvement Orange c'est "un Burundi Prospère, Ambitieux et Paisible". Nous distinguons les mécanismes comme moyens de travail de l'idéal en soit. On ne doit pas s'entasser dans un bol pour atteindre ce rêve, mais nous attirons les pouvoir différents successifs, les burundais dans leurs différence de penser, de militer pour la prospérité de leur pays, à maximiser les ambitions et tout cela de façon paisible. Par contre c'est en n'ayant pas de vision, ou peut être des visions contraires (le bonheur des autres fera notre malheur) que notre pays continue dans sa perdition. Chaque burundais a droit de penser comme il veut, utiliser les mécanismes qu'il veut, collaborer avec qui il veut, mais tous devons converger vers la prospérité de ce pays, offrir des ambitions aux plus jeunes de faire mieux que nous, dans une paix qui en permette la réalisation.

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    2. Si j'ai bien compris l'article, la vision commune dont il est question est un Burundi prospère, ambitieux et paisible; donc un Burundi ou il fait beau vivre.
      Quant aux systèmes de gouvernement tel que mentionés par notre frè Ndamanisha,ils n'ont jamais été les meilleurs, et ces pour ces raisons qu'ils ne tiennent [plus.
      Ce qui importe c'est d'être propre chez soi,avoir cet esprit d'évoluer dans le positif. Si nous dépassons la cupidité, le culte du chef, et que nous compatissons avec nos compatriotes, certainement que le Burundi sera meilleur. Merci Francis

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  4. En tout cas Francis ROHERO un intellectuel achevé. Ses analyses sont très pertinentes. Courage Francis. J'aimerais être membres du Mouvement Orange pour cheminer ensemble dans la construction d'un leadership qui a une VISION. Merci de m'envoyer votre adresse.

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  5. Bravo Mr. Rohero. J''espère que cet article va ouvrir les yeux de ceux qui ont fait de la calomnie leur cheval de bataille. Mais certains ne manqueront pas de mentionner "la main de la Belgique et du Rwanda."

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  6. Je ne connais pas ce Monsieur, mais je suis d'accord avec lui sur le fond et contenu. Son constat dit vrai. Mais comme les Burundais ont rarement des convictions (ils jouent souvent le jeu de caméléon), c'est difficile de savoir s'il n'a pas d'autres calculs personnels. J'invite quelqu'un qui aurait des références sur ses écrits ou ses déclarations, j'aimerais bien les lire.
    Par ailleurs, s'il a changé parce qu'il est loin des acteurs politiques actuels, tant mieux.

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  7. C'est rare d'avoir un article qui intéresse trop des lecteurs de Bujanews. Au moins il aura servi à son auteur de se faire la publicité. Bon recrutement

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  8. Le Mouvement Orange est ne il ya presque 10 ans.Si ses publications n'apparaissent que tres rarement sur ce site,le Mouvement Orange,par le biai de son porte-parole(Speaker)Mr Francis Rohero,publie au moins une fois la semaine sur sa page facebook et sur celle du Mouvement Orange.Ce sont des publications qui refletent en quelque sorte la VISION du MO mis a jour dans son livre intitule:Programme d'un Burundi Prospere,Ambistieux et Paisible.C'est une proposition d'un programme de societe rendu public au mois de Mars 2014.
    Ce n'est donc pas une publicite ou un recrutement mais une ouverture a un debat politique ou tout le monde, independamment de son appartenence a un parti politique,ethnique,religieuse,professionnelle,...est invite a apporter sa pierre pour un Burundi meilleur.
    Vous etes les bienvenus

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