mercredi 20 avril 2016

Fausse accalmie au Burundi

Eclipsé par d’autres urgences, le Burundi s’enfonce dans ce qui pourrait être qualifié de «crise de basse intensité » et il ne fait plus les grands titres. La sortie de l’impasse actuelle pourrait être d‘autant plus terrifiante car la reprise en mains n’est qu’apparente et s’accompagne d’une répression quotidienne. 
 
Depuis le début de la crise, plus de 400 personnes ont été tuées, une estimation jugée minimaliste par beaucoup, les arrestations se chiffrent par milliers et 250.000 Burundais ont fui à l’étranger. Selon le Haut Commissaire de l’ONU aux Droits de l’homme, 345 cas de tortures et de mauvais traitements ont été enregistrés depuis le début de cette année, soit près de 600 sur les douze derniers mois.
 
Ces sévices graves ne sont pas seulement infligés dans les lieux de détention officiels, ils se déroulent aussi dans des postes de police ou des prisons clandestines, des cellules disséminées à travers le pays et contrôlées par la « Documentation », nouveau nom du SNR (service national de renseignements).
 
La Documentation, dont le chef, le général Adolphe Nshimirimana a lui-même été assassiné l’an dernier par des inconnus, est un service de plus en plus sophistiqué, doté de pouvoirs considérables : directement lié au clan des durs proches de la présidence, il agit à la marge de l’Etat, ne rend compte à personne de ses actions et, avec la coopération des Imbonerakure, les milices de jeunes armées par le pouvoir, il a réussi à quadriller le territoire et à terroriser toute la population jusque dans les zones rurales.
 
Le système de répression s’appuie aussi sur quelques unités de l’armée et de la police, essentiellement composées de Hutus qui avaient naguère participé à la rébellion du CNDD, le parti au pouvoir, et qui estiment qu’après leurs années d’exil en Tanzanie et de maquis, ils ont une revanche à prendre. D’après les observateurs, ce « noyau dur » met en œuvre un agenda parallèle préparé durant les années de clandestinité.
 
Il faut se rappeler en effet que la base des Forces pour la défense de la démocratie, (FDD) a été recrutée dans les camps de réfugiés en Tanzanie, parmi les centaines de milliers de Hutus qui, en 1972 avaient été contraints de fuir le pays. Ils étaient visés par ce que l’on avait appelé à l’époque le « génocide sélectif » où des officiers tutsis avaient systématiquement éliminé des intellectuels hutus ( dont le père du président actuel, un instituteur étranglé avec sa cravate…). Les Tutsis, à l’époque, pensaient avoir « gagné du temps ». Le temps d’une génération… Le pouvoir actuel, porteur de cette volonté de revanche, ne s’estime pas lié par les accords d’Arusha, qui prévoyaient le partage du pouvoir, à raison de 40% pour les Tutsis, et un maximum de deux mandats pour le chef d’Etat en exercice. D’après les observateurs, on assiste actuellement à la mise en œuvre de cet « agenda caché » dont s’inspirent des généraux hutus issus de la rébellion qui s’emploient désormais à mettre à l’écart ou à éliminer physiquement leurs collègues, Tutsis et même Hutus, issus des anciennes Forces armées burundaises.
 
Ce « génocide au compte goutte » qui pourrait tout de même déboucher sur un bain de sang généralisé, est aussi rendu possible par les divisions au sein de l’opposition, malgré l’existence d’une plate forme commune, et surtout par l’ impuissance de la communauté internationale, où la Chine et la Russie refusent, au Conseil de Sécurité, d’adopter des mesures contraignantes pour le pouvoir en place, tandis que l’Union africaine elle-même ne dégage pas de ligne commune et que des armes arrivant à Bujumbura transiteraient par la Guinée Equatoriale et le Congo Brazzavile. Poursuivant dans son attitude de défi, Bujumbura a mis en garde les ressortissants de pays qui ont décidé de suspendre leur coopération avec le Burundi, dont la Belgique, leur demandant de regagner leur pays d’origine ou… de demander un visa touristique…
 
Colette Braeckman, 19 avril 2016, http://blog.lesoir.be/colette-braeckman

2 commentaires:

  1. je suis désolée de vous dire que votre article est trop extrême.vous avez aussi un agenda cache quand vous voulez faire croire a vos lecteurs que il y a un plan préparé a l'avance lors du maquis ....vous n’êtes pas différents de NKURUNZIZA quand vous l'accusez de jouer sur la corde sensible qu'est l'ethnie......vous y voila aussi.S'il vous plait laissez la jeunesse et autres hommes et femmes de bonne foi sans passé sombre penser politique et pays de leur manière.
    Merci de nous épargner, dans vos analyses prochaines,de tenter de nous éveiller....nous sommes bien éveillés pour savoir mieux que "vos observateurs" c'est qui est bien pour la nation.
    SOYONS DIFFERENT DE L'HABITUEL.

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  2. Il paraîtrait que l'instituteur étranglé en 1972 ne serait pas le père de l'actuel président,ce serait le mari de sa mère. Son vrai père serait basé en Tanzanie où il exercerait des activités de commerce.

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