vendredi 29 juillet 2016

Burundi, le grand merdier (Par Nick Anselme BIDAHARIRIZWA)

LE GRAND MERDIER : BURUNDI

C’est compliqué au Burundi : il y a des crises tous les 10 ou 20 ans, et la particularité de celle-ci est qu’elle est née de l’interprétation fantaisiste d’un texte qui devait permettre de résoudre à jamais les crimes politiques cycliques, les exils forcés, les assassinats et les meurtres à grande échelle appelés les génocides si vous voulez.

L’accord d’Arusha pour la réconciliation du peuple burundais et la constitution de la république du Burundi sont des textes certes incomplets et imparfaits mais ils font la preuve que si on respecte les mêmes principes, on peut avoir la paix. Il eût donc fallu les sacraliser comme les Américains ou d’autres grandes nations avant nous ont fait de leurs constitutions respectives désormais inscrites dans du marbre. Encore eût-il fallu que nous fûmes aussi intelligents que les américains, les français et d’autres. Or, et c’est douloureux, force est de le constater, nous brillons par notre niaiserie.

Pour protester contre le cumul du pouvoir entre 10 ou même 20 personnes corrompus d’une même clique, le Burundi a connu des manifestations pacifiques souvent dans la capitale il est vrai.
Des jeunes souvent éduqués et qui n’avaient jamais eu de perspective de la part d’un régime brutal, longtemps désœuvrés, ont manifestés et bravés la police souvent avec la force de leurs seules mains. Pour pouvoir mieux les massacrer, on les a appelés : « les insurgés ».

Des femmes ont enfilé courageusement le survêtement de leurs maris pour se lancer elles aussi dans les rues, crier la désapprobation et souvent leur colère devant un scénario surréaliste concocté par les tenant du pouvoir de Bujumbura.

Enfin, un groupe d’officiers ont organisé un coup d’état qui, de trahison en couardise, a été déjoué, permettant ainsi de renforcer celui-là même qu’on devait limoger, offrant, s’il en fallait, le prétexte aux services de sécurité de mater dans le sang, toute velléité de protestation légitime d’un pouvoir redevenu sanguinaire. Il est difficile de juger ces officiers récalcitrants, ne connaissant leurs intentions que sur ce qui nous a été dit. On peut néanmoins constater qu’ils avaient été accueillis avec enthousiasme par une partie de la population. Cela n’aurait sans doute pas résolu le problème, mis en aurait changé la nature.

Cela fait plus d’une année, la police et l’armée tuent, humilient y compris dans ses propres rangs. Il n’est pas rare de voir un haut gradé frappé et violenté par un policier du tristement célèbre service national du renseignement. Il n’est pas de semaine qui passe sans que la police vienne « prélever » des jeunes dans les quartiers souvent tutsis d’ailleurs, un peu comme si les dits quartiers contestataires constituaient une réserve de personnes à massacrer. Dans cette république, on a violé, on a massacré des familles entières et jeter sur le chemin de l’exil des centaines de milliers de concitoyens, jeunes pour la plupart.

Toute cette population exilé et humilié, toute la population de l’intérieur qui n’a de cesse de voir des jeunes « imbonerakure » se comporter comme des sauvages, tout ce monde y compris des militaires fatigués de se faire traiter en bêtes de somme, tout ce monde devrait constituer un vivier dans lequel devrait puiser l’opposition au pouvoir sanguinaire. Les jeunes dans les quartiers, les jeunes de Mugamba, ou même toute cette population qui vit dans les camps de réfugiés n’ont pas vocation à rester des victimes expiatoires, qui ne serviraient que de chair à canon.

Alors, c’est quoi le problème ?

Avez-vous fait cette expérience désagréable et malheureuse de l’homme qui aime sa femme, il sait qu’elle le trompe, il ne le lui dit pas, car il l’aime trop pour s’en séparer ! Cette expérience du cocu n’est pas exceptionnelle, c’est le ressenti de tous les burundais qui ont cru et placés l’espoir en l’opposition au pouvoir de Bujumbura.

Cette opposition doit savoir que le pouvoir ne se donne pas, il s’arrache et se mérite. Toute lutte nécessite une organisation, une discipline.

Qui peut nous expliquer comment est organisé le CNARED ? Qui peut me dire le but recherché par le CNARED ? Chasser Nkurunziza du pouvoir ? organiser d’autres élections ? organiser un pouvoir de transition où on aurait les mêmes têtes, souvent avec les mêmes costumes à des postes de responsabilité ? encore une solution transitoire et inadéquate ? La structure même de cette organisation ne permet pas d’espérer une solution définitive. Ainsi donc, nous sommes là à espérer qu’un organe dont les membres sont issus de partis qui se sont fait la guerre, ira négocier pour nous, parlera pour nous, et nous défendra vraiment. Savent-ils ce que nous pensons ? Je ne réfute pas que ces messieurs dames aient changé avec le temps, ne pensez-vous pas qu’ils gagneraient à faire le tour des capitales principales et nous dire ce qu’ils envisagent vraiment ? On a l’impression, que certes ils travaillent, mais souvent c’est pour les prochaines négociations. Or Le jour où la communauté internationale n’en voudra pas, cette structure disparaitra. Si le médiateur n’en tient pas compte, et il peut le faire si Nyamitwe (n’importe lequel) lui demande, cette structure n’a plus de raison d’être.

L’autre volée de la résistance est la lutte armée. C’est indéniable, si on lit ce qui passe sur les réseaux sociaux, la guerre civile a commencé. Si on peut comprendre la nécessité de discrétion à propos des mouvements rebelles, on n’arrive pas à comprendre la multiplication d’émissaires plus ou moins clandestins qui peuvent expliquer le fonctionnement d’un mouvement dont ils ne connaissent qu’une seule personne, souvent un camarade de classe ou un cousin ! Certains des compatriotes se sont fait grugés, ont donner des contributions dans la précipitation et l’émotion, mais sont encore dans l’attente légitime de quelque action concrète ! Et si on proposait d’établir la liste de ceux qui ont collecté l’argent pour pouvoir leur poser la question plus tard quand le pouvoir sera conquis ? Quelle est la différence entre ceux-là et ceux de nos familles ou de nos amis qui collaborent avec le pouvoir sanguinaire ?

On peut aussi s’étonner de la stratégie de communication de certains mouvements. Nous avons eu des communiqués successifs nous annonçant l’organigramme du mouvement FOREBU par exemple. Ensuite blackout ! Partout où on voit un Burundais, il demande pourquoi les différents mouvement rebelles ne se réunissent pas. Un problème d’égo ? Peut-on se permettre des dissensions au sein d’un mouvement naissant ? Y a-t-il une place pour de l’égo quand vous n’êtes pas chez vous ? enfin Pensez-vous que pour diriger une armée vous devez avoir fréquenté l’académie militaire ?
 
Non ce qu’il faut c’est de la détermination et du charisme. Ce n’est pas suffisant de choisir un tel pour son ethnie et ou son background académique.

Pour le moment, les seuls qui sont cohérents, ce sont les tueurs de Nkurunziza. Ils ne réussissent pas toujours, cela fait un moment qu’ils essaient d’entraîner le Rwanda dans leurs problèmes pour déclencher une guerre et se faire passer pour des victimes. L’opposition commet des erreurs inhérentes à tout mouvement en cours d’organisation. Ceux qui commencent devraient manger leur pain blanc, et se fondre dans des mouvements plus vieux. L’union fait la force. Ce n’est pas la communauté internationale qui résoudra le problème, notre problème burundais. Il faut des arguments pour contraindre le pouvoir de négocier, et c’est sans nulle doute la force. Cela doit passer à mon sens par la transformation des tous les mouvements rebelles, en organisation politico militaires, avec un jeune chef charismatique à sa tête, ayant une vraie vision. C’est ce que fût le MPLA en Angola, le FRELIMO au Mozambique, et je ne parle pas du FPR je serais taxé de « MUJERI » et je n’aime pas ça.

Je suis un paysan de Gishubi, et mon fils a été tué lors suite aux incursions de la police présidentielle à Cibitoke. Ma femme n’a pas fini de pleurer, d’autant que le deuxième enfant, a fui vers le Rwanda. Je vous prie de penser à moi, je vous prie de faire en sorte que ceux qui sont partis, ne seront pas partis pour rien. Souvenez-vous, aucune dictature n’a vaincu le peuple, la victoire viendra, celle qui doit nous mener vers un Burundi harmonieux, paisible et prospère. Je lance un appel à la jeunesse, de se choisir un leader charismatique qui la mènera à la victoire. 
 
BIDAHARIRIZWA Nick Anselme

5 commentaires:

  1. Ooooh pourquoi vous perdez inutilement votre temps? Rondera AGAKIZA bigishoboka si non vous allez vous jeter dans l'enfer!

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  2. Mushingantahe BIDAHARIRIZWA, merci pour ce courage de rédiger cet article et de nous faire part y’agahinda kenshi mufise mu muryango! Imana Rugiravyose ibashoboze kwihanganira ivyo vyago mwatewe n’intwaro y’agahotoro iri mu Burundi. Uno munsi, amaganya n’amarira bitekeje Abarundi ISINZI kubera Leta ya HABARIMBAYA afashanyije n’ibisongerezi vyiwe be n'INTERAHAMWE-IMBUNUZAKURE akoresha mu guhekura abavyeyi, mu kugira abagore abapfakazi , mu kugwiza imfuvyi be no mu kwangaza ibihumbi n’ibihumbagiza vya bene Burundi ! Yamara ntaheze ngo ATERERE AGATI MU RYINYO kuko BITEBE BITEBUKE, AZOSHIKIRWA!!! Akwiye kumenya yuko, IGIHE COSE UMUNTU ARI NK'UWUNDI! Uyu munsi ni ABANDI yamara aho bukera UBUTIGU BURAMUTERA NTA GISIVYA! Amabi akorera abandi NTABWO AZOGENDA GUSA!

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  3. Inquiétudes bien compréhensibles, mais nous risquons de tomber dans le même piège si vous croyez qu'il ne faut pas avoir fréquenté l'académie militaire pour diriger une armée. Le problème c'est après: l'humble berger qui se voit promu général en quelques années, fussent-elles de terribles souffrances et épreuves,comment le gérerez-vous? Avec l'armée, il voudra décider de la diplomatie, de l'éducation, de l'économie... Et son argument massue sera: "vous avez tout cela grâce à moi". Je n'ai jamais eu confiance en ces messieurs casqués mais je pense qu'après une formation académique, on est mieux informé, donc plus performant, même dans les domaines ci-haut cités. Enfin... peu ou prou...Alors, cherchez des "académiciens" pour la direction. Mais en aurez-vous assez de déterminés et de charismatiques? Combien sont réellement engagés dans cette lutte que chacun devrait faire sienne? Notre carpe diem, notre poison...

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  4. D'accord avec vous, Bidaharirizwa. Sauf sur un point: il faut plutôt quelqu'un qui a fait l'académie militaire pour bien diriger une armée. Car le problème c'est après: l'humble berger promu général, certainement au prix de terribles souffrances et épreuves, ne voudra-t-il pas, à la victoire, décider de la politique, de la diplomatie, de l'éducation... en plus de l'armée? Malheureusement il ne manquera pas d'autres "académiciens" pour le suivre voire lui lécher les bottes. Mais encore, où sont les intellectuels engagés dans cette lutte qui devrait être nôtre à tous? notre carpe diem, notre poison...

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  5. Des intellectuels à la tête de l'armée ou du pays, aux différentes directions des services publics, on en a toujours eu mais quels genres d'intellectuels burundais? A voir où se trouve le pays aujourd'hui jusqu'à être classé premier parmi les pays les plus pauvres du monde. N'est-ce pas cela une grande insulte à ces burundais dits intellectuells?Ne pourrait pas avoir raison de dire que ce ne sont pas les intellectuels ou académiciens burundais qui sortiront les burundais de l'enfer dans lequel ils se trouvent aujourd'hui.Les bons et vrais intellectuels, ils ont toujours été assassinés par les dirigeants de toutes les époques à commencer par notre héros national et ses amis de lutte pour l'indépendance national."Institut Rwagasore" niyo yari kuramura abarundi b'ubwenge hamwe n'umutima, uwu mutima nawo ari nawo w'akaranga k'inkoramutima niwo twabuze benshi, ni nawo kandi tubwirizwa kurondera. Atari ukwo naho tuzokwama tujuragirika imyaka yose!

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