jeudi 21 juillet 2016

ABC: Un autre chapitre tragique de la crise burundaise: le fiasco d’Arusha, le mutisme au sommet de l’UA et le meurtre prémédité d’une députée modérée

Nombreux sont ceux parmi les Burundais qui observaient avec un mélange d’espoir et de doute la tenue de cette deuxième ronde des pourparlers interburundais. En effet, après les nombreuses consultations que le facilitateur Mkapa a organisées ces derniers mois, rencontrant les acteurs de la société civile, les opposants politiques en exil, le CNARED et les représentants du gouvernement, on aurait pu penser que finalement la machine allait finalement fonctionner. On ne s’attendait certes pas à ce qu’elle roule aussitôt, mais on était loin d'imaginer qu'elle en vienne à caler avant d'amorcer son démarrage.

Par contre les plus sceptiques affirmeront que la situation actuelle ne peut être propice à des pourparlers de paix car le gouvernement burundais, malgré ses crimes contre l’humanité, est encore en situation de légitimité aux yeux de nombreux pays africains. Selon ces sceptiques, le manque de leadership et le désordre dans le camps des anti 3e mandat auraient pour conséquence l’absence d’un interlocuteur de poids face à ce gouvernement fantoche.

Autre fait important et qui ne manque pas d'intriguer plus d'un observateur: où sont les groupes armés tant vantés et ébruités? Le facilitateur aurait sciemment ignoré des acteurs clés de cette crise burundaise? Aurait-il pensé que ces pourparlers pouvaient démarrer en l’absence de ces groupes qui pourtant, continuent à être actifs dans les régions rurales et dans la capitale? Ne devrions-nous pas penser que la facilitation tanzanienne de la crise burundaise suit une stratégie qui nous échappe?

Aussi assistons-nous à une tragi-comédie quand un gouvernement refuse de se joindre à l’exercice à cause de la présence des certains acteurs de la société civile ou encore du CNARED? Devrions-nous en rire ou en pleurer lorsque la facilitation parle d’erreur dans les invitations? Pourquoi, diantre, les acteurs politiques actuels ont-ils si vite oublié que l'ancien président Buyoya avait fini par accepter de négocier avec ceux qui étaient naguère qualifiés par son gouvernement de groupes tribalo-terroristes et qui sont aujourd'hui les maîtres absolus à Bujumbura? L'on ne négocie pas la paix avec ses amis et tous les experts et politiciens avertis vous le confirmeront. Pendant ce temps et alors que le peuple burundais agonise sous l’étau d’un gouvernement terroriste, un fait si important que l’on ne peut l'ignorer frise l'étonnement. Il s'agit du peu de cas fait de la question burundaise, un jeu qui se joue à Arusha et qui est sûrement concocté du haut de l’EAC. Le jeu pourrait sans doute être influencé par d’autres crises dites prioritaires…notamment celle du Soudan du Sud qui représente une réelle préoccupation pour l’Ouganda et le reste de l’Afrique de l’Est au point, du coup, d'éclipser le dossier burundais…

En effet, lors du dernier sommet de l’Union Africaine (UA) s’étant déroulé à Kigali, la question de la crise burundaise a été brièvement mentionnée par le président tchadien tandis que le conflit interne dans le Soudan du Sud semblait plus préoccuper nos frères africains. Encore une fois, on ne peut qu’être perplexe face à cet immobilisme presque onusien de l’UA sur la question brûlante de la tragédie burundaise en cours. Est-ce que le retrait volontaire de la délégation burundaise a influencé l’agenda préliminaire? Le rideau du panafricanisme cache-t-il de puissants agents étrangers dont les enjeux et intérêts prioritaires ont du mal à composer avec la question de génocide se déroulant depuis un an au Burundi? L’UA craint-elle de créer un fâcheux précédent pour éviter que ses actions pour le Burundi ne contribuent à une série de printemps africains?

Désormais, nous faisons face à une urgence de taille: le contrôle de ce jeu doit être repris par les Burundais…Il est en effet plus que temps que l’on forme un réel front commun, que l’on revoie nos stratégies en synergie, que l’on conçoive une nouvelle feuille de route du leadership souhaité et que l’on renouvelle les acteurs principaux sur la scène.

Il est grand temps que nous, Burundais, assumions la responsabilité que chacun se doit de faire sienne face à cette crise qui n'a que trop duré, car nous sommes tous responsables de ce laisser-aller, de ce summum de la médiocrité observée au sommet de l'État burundais. Tant et aussi longtemps que, du fond de nos campagnes, dans les quartiers de Bujumbura ou encore dans les contrées étrangères nous nions toute responsabilité, le leadership recherché ne viendra pas. Nous devons individuellement nous approprier cette crise et comprendre que la solution est collective…C’est pourquoi, la solution ne viendra ni d’Arusha ni même de Mkapa ou d'un autre ailleurs incertain…Nous devons compter sur nos propres forces et cette solution est certainement à notre portée.

Et comme si, en fin de compte, nous n'étions là que pour compter les morts, l’Alliance des Burundais du Canada pleure le énième décès, causé par ce régime terroriste. La députée Hafsa Mossi est une autre sœur, une autre mère, une autre fille du Burundi assassinée. Sa mort s’ajoute aux milliers d’autres disparus dont la plupart n'auront probablement jamais de sépulture digne d'une personne humaine. Nombreux se rappelleront de son visage lors de sa visite du camp des réfugiés de Mahama au Rwanda, une image traduisant l'expression de sa vulnérabilité, de sa révolte et de son humanité face à l'innommable. Était-ce l'imparable signe du désarroi et du désespoir face à l’engrenage infernal que son parti CNDD-FDD avait enclenché entrainant la perte de son pays et de son peuple? Est-ce que cet élan mal dissimulé de femme et de mère aurait provoqué le courroux des tyrans du pouvoir et par conséquent sa perte? S’est-elle retrouvée étiquetée comme frondeuse clandestine?

Tragiquement, le décès de Mme Hafsa Mossi n’est pas sans nous rappeler l’assassinat d’une autre figure politique de la sous-région, la Première ministre rwandaise Agathe Uwilingiyimana, il y a à peine deux décennies. Allons-nous continuer à assister impuissants à d’autre morts, crimes odieux et génocide au compte-goutte tel que prescrit par les experts en la matière?

Refusons, levons-nous et agissons! Il n’y a point de geste inutile car la solution est dans chaque Burundais, où qu’il soit et qui qu’il soit, car au point où l’on en est, le rang social, l’ethnie, la distance géographique et bien d’autres doivent disparaitre au bénéfice de notre identité commune en tant que Burundais et burundaises et cela, nous le devons bien à notre mère patrie.

© Alliance des Burundais du Canada, ABC, 21 juilllet 2016

1 commentaire:

  1. Ne t'enerve pas pour rien et ne t' en fais pas, RED TABARA, FOREBU et FNL Nzabampema sont la, prets pour combattre les FDN , les Imbonerakure , les DD et Nkurunziza pour toi, car , quand tu dis levons-nous, j'ai peur que tous les Burundais que tu appelles aux armes ne sont pas avec toi !!!!!!!

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