Le Président Bagaza sera inhumé sur sa colline natale à Rutovu

L’ancien président Burundais Jean Baptiste Bagaza sera enterré sur sa colline natale à Kabuye, commune Rutovu en province Bururi. La famille l’a annoncé ce jeudi au lendemain du décès de Bagaza en Belgique. Les éloges ont fusé de toutes parts après l’annonce de son décès et le gouvernement a décrété trois jours de deuil depuis mercredi.

Selon Jean Bosco Bondo, un membre de la famille de l’ancien Président interrogé par Isanganiro, Jean Baptiste Bagaza a lui-même exprimé sa volonté d’être enterré sur sa terre natale à Kabuye, commune Rutovu dans la province Bururi. « Le corps de l’ancien Président doit arriver le 15 mai à Bujumbura. Nous avons préparé un calendrier provisoire et l’enterrement devrait avoir lieu le lendemain à Kabute dans la commune Rutovu.

C’était parmi ses dernières volontés. Il y aura un communiqué final qui devra confirmer la date de l’enterrement », indique M. Bondo.

Celui qui a dirigé le Burundi de 1976 à 1987 après avoir déposé le Président Michel Micombero est décédé à Bruxelles en Belgique des suites d’une maladie à l’âge de 70 ans. Le gouvernement n’a pas encore annoncé les cérémonies de funérailles mais a décrété trois jours de deuil national après l’annonce du décès de Jean Baptiste Bagaza. « Par sa disparition, le Burundi vient de perdre une grande figure dans la vie nationale, un travailleur infatigable qui, durant sa présidence de 1976 à 1987, a développé des infrastructures économiques et sociales dont le peuple burundais se rappellera toujours » pouvait-on lire dans le message de condoléances du Gouvernement ce mercredi.

Le Président Nkurunziza a également exprimé sur twitter sa « très grande tristesse » après avoir appris la disparition du Président Bagaza. L’actuel Président a toujours considéré le dirigeant de la 2ème République comme son préféré parmi tous les Chefs d’Etats qui ont dirigé le Burundi. « Parmi les Présidents Burundais, Bagaza est celui que j’admire le plus » a déclaré un jour le Président Nkurunziza dans un discours, vantant « les nombreuses routes, les écoles, les hôpitaux et bien d’autres » construites par le Président Bagaza.

La plateforme de l’opposition du CNARED a aussi exprimé ses condoléances à la famille du Président Bagaza, qui faisait partie de cette organisation formée après l’annonce du Président Nkurunziza de briguer un 3ème mandat qualifié d’illégal par l’opposition, la société civile et la communauté internationale.

Le parti FNL d’Agathon Rwasa se dit consterné et attristé par la disparition du Président Bagaza. « De tous les présidents qui ont dirigé le Burundi, le sénateur Bagaza est celui qui a marqué le pays pour avoir initié des projets de développement de façon très remarquable dans tout le pays » a déclaré le porte-parole du FNL pro-Rwasa Aimé Magera dans un communiqué, qualifiant de « grand homme » l’ancien Chef d’Etat. Pour le FNL d’Agathon Rwasa, il s’agit d’une grande perte : « dans un contexte de tension politique dans laquelle le Burundi se trouve, cette grande figure de la politique burundaise était encore utile pour le pays » poursuit la déclaration.

L’unanimité des éloges s’étend même jusque parmi ses anciens opposants politiques notamment l’ancien Président Pierre Buyoya. Celui qui a à son tour déposé le Président Bagaza en 1987 a présenté ses « condoléances à la famille du Président Jean Baptiste Bagaza, à ses amis et aux proches dans la gestion des affaires publiques » dans un tweet.

Un parcours incomparable à la tête du pays

Le Président Bagaza est vu par l’ensemble de la classe politique comme un visionnaire qui avait en priorité le développement du pays. Me Isidore Rufyikiri, un de ses anciens conseillers durant la dernière année de son pouvoir, se souvient des efforts fournis pour développer l’agriculture : « le Président Bagaza avait permis aux Burundais d’atteindre une autosuffisance alimentaire et le monde reconnaissait que la population n’était plus confrontée à la famine ».

L’ancien Bâtonnier évoque aussi l’introduction de la culture du café qui devait devenir un produit d’importation de valeur pour le pays : « j’étais le Président du conseil d’administration de l’Office du café du Burundi (OCIBU). On prévoyait chaque fois des réserves de fonds de l’ordre d’un milliard de francs. A l’époque, c’était beaucoup. Cet argent devait pallier aux chutes des cours du café sur le marché mondial pour que les caféiculteurs Burundais ne ressentent pas la baisse des prix mais reçoivent toujours le prix du café vendu » déclare me Rufyikiri.

« Aucun Président n’a atteint le degré des réalisations de Bagaza » lance pour sa part l’ancien Chef d’Etat Sylvestre Ntibantunganya. Il garde en lui « un visionnaire qui avait pris le temps d’étudier le pays pour prendre les bonnes décisions devant développer le pays ».

Le Président Jean Baptiste Bagaza est un ancien officier des Forces Armées Burundaises formé à l’Ecole Royale des Cadets en Belgique qui avait entre autre dirigé la Cour militaire et avait été Chef d’Etat-major adjoint de l’armée. Après avoir été renversé en 1987 par le Major Buyoya, natif de la même commune de Rutovu, le Président Bagaza a été contraint à l’exil en Ouganda et n’a pu rentrer au pays qu’en 1993 après la victoire du Président Melchior Ndadaye aux élections présidentielles. Il a aussi été contraint à la résidence surveillée à plusieurs reprises : en 1997 et entre novembre 2002 et février 2003, là aussi sous la Présidence de Pierre Buyoya. 

Il avait créé en 2002 le PARENA, Parti pour le Redressement National.

vendredi, 06 mai 2016 11:25, http://www.rpa.bi