Des violences n'en finissent pas de secouer le Burundi depuis un an. Pour la FIDH, les exactions du régime, majoritairement hutu, ont des relents de plus en plus nauséabonds du conflit ethnique qui les opposa aux Tutsis entre de 1993 à 2005.
Un an après le début des violences au Burundi, la situation semble toujours aussi critique dans le pays. Emprisonnements, disparitions d’opposants au régime, meurtres… Les observateurs internationaux constatent, impuissants, que le pays s’enfonce dans une spirale de violences.
La crise a éclaté en avril 2015, à l'annonce de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat – une initiative jugée contraire à la Constitution mais qui s’est soldée par sa réélection au terme d'une campagne émaillée de violences et de heurts. Un an plus tard, mardi 26 avril, la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH), son organisation membre au Burundi (Iteka) et Amnesty International ont sommé dans un communiqué commun la communauté internationale à agir "de toute urgence". Selon eux, de "graves violations des droits humains" sont "commises en grande majorité par les forces de sécurité burundaises sur ordre des autorités".
Pire, les observateurs craignent une reprise du conflit ethnique, opposant Hutus et Tutsis, qui a fait rage de 1993 à 2005 dans le pays et au cours duquel 300 000 personnes sont mortes.
La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) Fatou Bensouda a de son côté annoncé lundi l'ouverture d'un examen préliminaire des violences commises dans ce petit pays d'Afrique, étape préalable à une éventuelle enquête.
D’après les ONG et instances internationales, la situation est dramatique : depuis le début des violences, en avril 2015, environ 700 personnes ont été tuées, et entre 600 et 800 autres ont disparu, selon des chiffres fournis par la FIDH et recoupés avec d’autres données d’ONG. Environ 5 000 personnes ont par ailleurs été arrêtées, parmi lesquelles 3 000 seraient toujours en détention. On compte également 270 000 Burundais ayant trouvé refuge dans les pays voisins, Ouganda, Rwanda, Kenya, ou même en Europe. "80 % des membres de la société civile ont fui le pays", alarme Florent Geel, directeur Afrique de la FIDH, de retour de mission au Burundi, et qui souhaite rester prudent sur les informations qu’il divulgue, "pour ne mettre personne en danger".
Qu’avez-vous pu constater lorsque vous étiez au Burundi ?
Florent Geel : La population est très encadrée par les forces du régime. Dans la capitale Bujumbura, les quartiers dits contestataires sont vides. Les magasins et les maisons sont fermés. Là-bas, les gens sont partis par milliers. Ceux qui restent sont terrorisés.
Les menaces et les intimidations sont fréquentes. Nous-mêmes avons été surveillés et nous avons dû user de nombreuses ruses pour ne pas mettre en danger les gens à qui on a parlé. Le régime burundais a basculé dans une logique radicale depuis le coup d’État du 13 mai, qui consiste à dire ‘c’est eux ou nous’.
"Eux", c’est-à-dire ? Qui sont les cibles du régime ?
Parmi les disparitions forcées, on compte des opposants politiques, des contestataires, des jeunes qui ont manifesté contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza, des militants des droits de l’Homme, des journalistes. Le 10 décembre 2015, par exemple, la trésorière d’Iteka, Marie-Claudette Kwizera, a été arrêtée à Bujumbura par des membres du redouté Service national de renseignement (SNR), le fer de lance de cette répression. On est toujours sans nouvelles d’elle. [L’ONG a depuis fermé ses portes. Son président, Anschaire Nikoyagize, contacté par France 24, a fui en Ouganda en novembre 2015 avoir reçu des menaces, NDLR].
Il y a aussi le cas du général Athanase Kararuza [un ancien conseiller militaire du vice-président et ex-commandant en second des forces de maintien de la paix déployées en Centrafrique, tué lundi alors qu'il déposait son enfant à l'école, NDLR]. C’était un pro-Nkurunziza mais après les violences de décembre dernier [qui auraient fait près de 90 morts et à la suite desquelles des charniers ont été découverts au Burundi, NDLR], il avait dénoncé les exactions commises par les forces du régime.
Plus généralement, le régime, majoritairement hutu, semble croire que ses opposants sont des Tutsis. Il est dans une logique paranoïaque et très polarisée. Les rangs des forces du régime ont été largement épurés de tout membre tutsi. Sur les réseaux sociaux, on remarque aussi la présence de discours anti-Tutsis.
Autre fait inquiétant : le 1er novembre 2015, le président du Sénat burundais, Révérien Ndikuriyo, a été enregistré à son insu au cours d’une réunion publique. Sur cet enregistrement, il déclare à ses partisans : "Vous devez pulvériser, vous devez exterminer ces gens […] Attendez le jour où l’on dira 'travaillez', vous verrez la différence !". Le mot "travailler" rappelle le terme utilisé par le gouvernement génocidaire au Rwanda [qui signifiait alors "aller tuer", NDLR]…
Redoutez-vous, comme certains observateurs, une situation de génocide ?
Le Burundi n’est pas le Rwanda. En 1994, au Rwanda, une moitié de la population avait littéralement attaqué l’autre, je ne pas suis sûr que cela puisse se reproduire de manière aussi décomplexée au Burundi. Et puis, la communauté internationale veille. Mais, nous sommes inquiets, car sans dire que nous sommes dans une situation de pré-génocide, il faut tout de même reconnaître que la dynamique génocidaire est présente.
Maintenant, la question qui se pose c’est : comment va réagir la grande masse paysanne hutue, silencieuse, peu éduquée, à cette dynamique ? Personne ne le sait.
28/04/2016, http://www.france24.com
Le Burundi a trop souffert à cause de ses enfants qui s'entretuent sans pitié depuis des années et des années. Les hutu et les tutsi s'accusent mutuellement d'avoir commis un genocide les uns contre les autres et on finirait par croire que le genocide est une bonne chose à revendiquer! Ce qui m'étonne aujourd'hui ce sont ces gens qui crient à tort et à travers qu'il y a un genocide qui se fait ou se prépare au Burundi alors qu'ils ne sont pas en mesure de donner des preuves, et si ce sont ces même gens qui sont en train de préparer ce genocide? Une certaine éthnie au Burundi a pris la mauvaise habitude de pleurinicher en disant qu'on veut l'exterminer alors que c'est elle-même qui organise régulièrement les tueries contre les autres éthnies. Jusqu'à quand croyez-vous que vous continuerez à utiliser le mensonge? Aucun genocide ne se fait ni ne se prépare au Burundi à moins que ce soient les membres de la dite ethnie qui veulent s'exterminer eux-mêmes (ils ont l'habitude de faire des sacrifices dans les leurs). Qui vivra verra.
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RépondreSupprimer« […] Mais, nous sommes inquiets, car sans dire que nous sommes dans une situation de pré-génocide, il faut tout de même reconnaître que la dynamique génocidaire est présente ».
« Maintenant, la question qui se pose c’est : comment va réagir la grande masse paysanne hutue, silencieuse, peu éduquée, à cette dynamique ? Personne ne le sait ». Florent Geel. http://www.france24.com
Commentaire : Cette question mérite bien une profonde réflexion. Personnellement, si je me réfère à l’expérience du passé, particulièrement la haine et la tension soulevée dans la masse Hutu et Tutsi, suite à l’assassinat de SE Melchior NDADAYE, aujourd’hui il ne se manifeste pas de signe marquant d’une tension entre les deux communautés sœurs ou un éventuel soulèvement de la masse Hutu contre leurs frères et sœurs Tutsis. Un motif d’un pouvoir par les Hutu, sans les hutus! ne tient pas ! Mis à part quelques badauds à la solde de quelques politiciens malveillants, aujourd’hui les Hutus et les Tutsis partagent la même inquiétude : l’avenir de leur pays qui manque cruellement une conscience élevée pour le diriger vers un avenir meilleur.
La méfiance n’est plus entre Hutus et Tutsis, mais entre les deux communautés, hutus-tutsis ensemble, et un pouvoir sans soucis occupé à de souvenirs moyenâgeux, qui ignore les problèmes de misère, de souffrance, de maladie et de mort de sa population. Les burundais, dans leur unité et majorité, abhorrent aujourd’hui tout ce qui vient enlever la vie à un ou groupe des leurs. Le temps où on acclamait qui mieux a éliminé plus dans tel ou tel camp est révolu.
S’il y a idée de verser du sang, il est de quelques attardés qui ne suivent pas l’évolution du monde, et « un génocide contre les Tutsis – il ne sera pas – serait une affaire de quelques étrangers inconnus des burundais ou de peu de personnes « lettrées » qui cherchent des intérêts pour eux et non pour la communauté hutue.
La masse, hutue-tutsie confondue non lettrée, est plus disciplinée, plus lucide, plus respectueuse de la vie, plus humaine que la plupart des supposés « éduqués » dans les universités. Les Hutus et les Tutsis partagent désormais, le même souci : celui d’avoir un gouvernement responsable qui se respecte, respecte les accords, les conventions, les chartes et les pactes que le Burundi a signés de son plein gré, un gouvernement qui respecte les peuples et l’écosystème.
Les pensées sont des choses, elles sont les germes des actes de polarité correspondante : négative si la pensée est négative, positive si elle est positive. Par conséquent, nous demanderions aux personnes qui ne savent pas, de ne pas continuer à diriger des pensées de « génocide » vers notre pays, le Burundi.
Nous sommes tous les enfants du pays, il y a plus tous histoire de hutu et tutsi. Tout ça c'est la guerre de quelques escrocs qui ont mis notre pays aux enchères pour leurs intérêts personnels c'est qui dommage se sont ses jeunes qui les obéissent pour tuer ses frères et soeurs alors qu'eux mêmes dans leurs familles vivent dans des conditions catastrophique. Et le jour où la justice les jugera ces escrocs seront plus là pour être jugé à leurs places pour le moment laissons le temps de faire un tour sur le Burundi l avenir nous en dira plus. Aujourd'hui c'est la guerre de ventre qui vivra verra bien.
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