dimanche 21 août 2016

Lettre du Commandant NDAYISHIMIYE Évariste aux membres du CNDD-FDD (archives de 1998)

Chers compatriotes et amis de lutte

Nous sommes des fils et filles de la nation burundaise , soucieux de la Démocratie, la sécurité et. des libertés pour tous ceux qui vous écrivons.
 
Nous qui avons décidé de ne plus laisser le terrain à l’ennemi en choisissant entre les deux maux : mourir pour le peuple en quête des libertés et d’égalité dans notre patrie, le Burundi, au lieu de rester indéfiniment dans la servitude perpétrée par celui qui vous a contraint à vous exiler ;
 
Ayant à l’esprit que, malgré votre éloignement aux réalités de notre lutte, vous restez convaincus que vous ne vivez pas cette situation par volonté mais par la contrainte de ceux qui ont, depuis des siècles, vous ont chassé ;
 
Nous pensons à vous et vous observons surtout au niveau de votre comportement. Ce qui nous étonne le plus et qui ne nous honnore pas, c’est que certains d’entre vous se sont acculturés jusqu’à oublier, voire nier leur identité et leur état de détresse.
 
L’ennemi qui vous a pourchassé, l’a fait à maintes reprises à l’encontre de nos grands frères et pères. 
 
Aujourd’hui il s’est heurté à un bloc insurmontable installé par la coalition du peuple uni par un idéal commun: la recherche à tout prix des valeurs fondamentales pour tous avec mot d’ordre “La sécurité du peuple burundais.” Ce peuple a pris les armes pour se protéger d’abord contre la tyrannie du pouvoir militaire sanguinaire de Bujumbura. Il a décidé par la suite à en découdre avec les malheurs du passé.
 
Vous, exilés forcés, avez eu la chance d’avoir un peuple téméraire et courageux, qui préfère la mort que perdre la patrie. Néanmoins vous ne voulez pas profiter de cette occasion (du moins pour certains) et vous vous êtes inscrits à la lutte du peuple en suivant un individu au détriment de tout un peuple car votre contribution n’a jamais atteint celui-ci. Qui plus est, au lieu de le décrier vous le soutenez. La guerre que nous menons est celui d’ un peuple. Toute personne qui tente ou tenterait de le détourner sera bannie par lui. Ce dernier a décidé de recouvrer ses droits et libertés et il doit en être ainsi. Vous qui êtes à l’extérieur de votre patrie depuis longtemps, vous ignorez cela car vous êtes tellement éloignés des réalités du terrain. Votre ignorance ne découle pas de notre faute. C’est à cause des barrières entre le peuple combattant et l’extérieur qui étaient installées par nos dirigeants d’hier. La cause est que vous ne devriez pas être au courant de la destination de vos contributions. De ce fait, ces ex-dirigeants se sont laissés tomber dans le piège tendu par l’ennemi. (ceux–ci semblent travailler avec lui jusque maintenant dans le mobile de détruire le mouvement; chose qu’ils ne peuvent pas réussir.L’intérieur est soudé jusqu’à refuser le passage à l’ennemi qui était fort hier, Buyoya).
 
Chers compatriotes et amis de lutte,
 
Maintenant que le peuple a dit Non aux tentatives des mégalomanes ventriotes qui se sont fait allécher par des bombons de notre ennemi, nous voudrions vous annoncer cette bonne nouvelle qui pourra paraître vexatoire pour certains qui se sont désengagés de la lutte et qui mettra sur les rails ceux qui étaient déroutés. Cette nouvelle consiste en sommes avec la résistance et la libération du peuple contre les «seigneurs» d’hier qui ont pris les armes pour massacrer les «serviteurs révoltés».
 
1.Le peuple burundais a dit Non aux génocides répétitifs d’une ethnie perpétrés par les monarchies et les gouvernements qui se sont succédés depuis Ntare Rushatsi Cambarantama jusqu’à nos jours. Suite à ces génocides, les hutus ont suffisamment été terrorisés qu’il leur est devenu un rêve de se tirer du gouffre de l’ennemi en préférant se réfugier pour toujours. Les uns vont jusqu’à tenter même de bloquer l’action de leurs libérateurs qui ont choisi de mourir pour eux plutôt que d’être des éternels sans patrie. Hormis qu’elles suscitent une lueur d’espoir au peuple meurtri resté sous la servitude de l’ennemi à l’intérieur du pays, cette action a incité la communauté internationale à repenser les exactions exercées sur tout un peuple au Burundi et a commencé à voir plus ou moins clair.
 
Au moment où nous progressons sans heurt, d’autres parmi nous sont allés jusqu’à se laisser corrompre par l’ennemi du peuple afin de l’aider à tuer les leurs qui leur avaient pourtant fait confiance en les élisant. Nous qui affrontons l’ennemi étant rassemblés au sein du CNDD-FDD, avons constaté que le mal burundais est essentiellement l’armée monoethnique et extrémiste tutsi, formée et éduquée dans l’objectif de massacrer la population hutu qui tenterait de se libérer de la servitude pratiquée par des extrémistes tutsi. Ces derniers ne sauraient pas combattre s’ils n’étaient pas appuyés par cette armée. Si nous, peuple démocrate et patriotique, neutralisons cette armée, le Burundi aura une paix durable.
 
2.Le peuple en armes a dit Non à toute tentative de détourner la lutte populaire. Il en est de même pour la tentative de couvrir ou de soutenir l’armée monoethnique tutsi. Dans sa lutte de résistance et de sa libération, le peuple démocrate n’a consulté aucune personnalité extérieure. Elle a son idéologie: restaurer la Démocratie au Burundi et promouvoir les droits et libertés des Burundais. Nul n’a le droit de le détourner de cet objectif.
 
Or l’expérience nous a révélé que, étant sous le joug de cette armée, les sans voix d’aujourd’hui n’y auront jamais accès si ce n’est que par la voix de la lutte armée. C’est ainsi que la Démocratie a commencé à s’implanter dans les zones déjà libérées, occupées par la majorité de la population. Cette bonne organisation a fait que la population d’autres régions se réfugie dans ces zones. Ceci a incité le Commissariat à la Politique et Propagande Intérieure à s’organiser efficacement en vue de satisfaire les besoins de la population (santé, sécurité, éducation, encadrement de tous les secteurs de la vie sociale, etc.).
 
Nous faisons un clin d’oeil aux patriotes intellectuels en particulier de s’allier au peuple se trouvant à l’intérieur du pays et d’apprendre à gouverner selon la volonté du peuple. Nous vous affirmons que l’ex- président du CNDD est tombé dans ce refus de commander le peuple en armes à ses côtés. Il n’a pas su où le peuple en était avec la lutte et l’a abandonné en cours de progression. Il était tellement fatigué de la lutte qu’il a préféré se désister implicitement après avoir détourné les fonds du mouvement alors que le peuple arrivait à une étape décisive.
 
Chers compatriotes et amis de lutte,
 
Personne ne saura expliquer comment la population de l’intérieur se sacrifiait pour investir leur bourse dans l’achat du matériel qui les libère, laquelle arrivée aux mains de l’ex-Président du CNDD, était dilapidée au moment où l’armée monoethnique tutsi de Bujumbura ne cesse de massacrer des innocents. Même un inconscient comprendrait que la contribution à Buyoya en affaiblissant le peuple en armes. Ne perdez pas de vue qu’en plus des contributions de la population de l’intérieur, une bonne partie du butin de guerre était versé dans ses mains. Nous passons à côté les contributions extérieures tout en n’oubliant pas de remercier ceux qui ont fourni leurs efforts, même s’ils ne sont pas parvenus au peuple en armes.
 
Néanmoins nous ne pouvons pas nous passer du comportement de certains membres et sympathisants du mouvement après la suspension de cet homme défaillant. On dirait qu’ils n’avaient pas d’intérêt que le peuple démocrate gagne la guerre à partir du moment où aucune contribution de l’extérieur n’a été, ne fut-ce que portée à la connaissance du peuple. C’est pourquoi nous ne gardons pas secrets ces containers d’habits, de chaussures et de médicaments qui ont été vendus en cours de route. Vous êtes sans ignorer que les FDD n’ont de souliers que quand ils les récupèrent chez l’ennemi. Leurs activités de longue haleine fait que les maladies se multiplient de plus en plus. Tout en notant que notre population est à la charge du CNDD-FDD surtout au point de vue sanitaire.
 
Une autre faute grave, méritant d’être qualifiée de haute trahison et qui nous a montré finalement ce qu’est cet homme, est sa tentative de diviser le mouvement sur une base régionale qui, fort heureusement, a échoué. Au lieu d’être divisé, nous avons réussi à rallier toutes les forces combattantes sur terrain.
 
Monsieur Nyangoma, son Directeur de Cabinet et son Secrétaire Général ont commencé à diaboliser et à traiter de tous les maux les autorités politiques et militaires oeuvrant auprès de la population au lieu de les féliciter. Ils ne pouvaient pas réussir sur un terrain qui leur est inconnu. A notre analyse, la haute direction du CNDD était arrivée au seuil qui échappait son intelligence. Tandis que le peuple en armes se préparait à une victoire proche et sûre, elle s’était désengagée. Elle se contentait seulement d’avoir été une personnalité connue sur l’échiquier international tout en oubliant le peuple qui l’a hissé jusque là. Elle ne pensait qu’à des postes à pourvoir après les négociations, lesquelles avaient été stoppées par Buyoya.
 
Aujourd’hui, les Forces pour la Défense de la Démocratie, les Commissaires Politiques et les Secrétaires Nationaux ainsi que la population forment un tout indivisible avec l’idéologie originale du CNDD-FDD où convergent toutes les tendances démocratiques. Celui qui n’est pas inscrit à ce tout n’a pas de place. C’est cela qui a fait échec à certains dirigeants du FRODEBU qui voulaient aider BUYOYA à détruire à jamais le CNDD-FDD. C’est cela même qui nous a consolidé au moment ou l’armée monoethnique tutsi voulait profiter de l’absence de l’ex- Président du mouvement dans la lutte intérieure.
 
Ce qui nous étonne fortement c’est que lui et son petit groupe en plus d’une infime partie des Frodebistes qui ont refusé de s’allier au peuple en armes font des courses au crochet à la population vivant en exil pour les démobiliser. Nous informons tous ces assoiffés de pouvoir que la population exilée n’aura de voix au Burundi que quand celle combattante la lui aura donnée. En plus, il faudra noter que cette population s’est réfugiée parce qu’elle ne savait plus où donner de la tête. Les ambassadeurs du peuple en armes sont avec lui dans sa lutte légitime. Ceux qui combattent auprès de Buyoya n’ont de place que dans les camps des déplacés devenus camps militaires de facto pour combattre les démocrates.
 
Chers Compatriotes et amis de lutte,
 
Après le refus catégorique de l’ex-Président du CNDD de se joindre au peuple en armes; d’utiliser correctement les fonds lui envoyés, celui-ci a envoyé tour à tour des émissaires de l’intérieur pour lui montrer le droit chemin mais en vain. Après les enquêtes effectuées pendant neuf mois, une plainte a été déposée au Conseil de Guerre Général Populaire contre certains individus qui étaient à la base de la crise. Ce Conseil, tranchant en constructeur sortit la Décision No. 001/HQ/Mar.98, après celle de l’Etat Major Général politico-militaire en faveur de la restauration du haut commandement CNDD-FDD dont l’ex-Président du CNDD serait le commandant en chef. Celui-ci a refusé ces deux décisions précitées arguant que les personnes combattant à l’intérieur sont des gosses. Il va jusqu’à dire que les membres du Comité Exécutif oeuvrant avec la population ont abandonné la lutte et que ceux qui l’ont courtisé sont de loin meilleurs. Dans le cadre de trouver une solution à la crise, une déclaration conjointe portant gestion de celle-ci fut signée entre lui et le Colonel Jean Bosco Ndayikengurukiye, jusque là Chef d’Etat Major Général des FDD.
 
Ne voulant pas rester dans une crise perpétuelle et constatant que Monsieur Nyangoma n’avait pas signé de bonne foi, notamment en faisant emprisonner les envoyés du peuple en armes avec des dossiers à charges lourdes mais décousues de tout fondement, le rapport de la situation de crise du CNDD-FDD fut sujet à analyse par des Commissaires politiques et Officiers militaires cadres qui aboutit à sa suspension à la tête de notre mouvement afin de continuer la lutte et sauver la population menacée par les sanguinaires de Buyoya. La Coordination Générale et le Haut Commandement sont confiés au Colonel Jean. Bosco Ndayikengurukiye qui a montré son amour patriotique en planifiant le sauvetage de la population au moment où Buyoya la menaçait et quand Nyangoma l’affaiblissait moralement et matériellement.
 
Pour le moment, la lutte a repris l’allure normale. Le Commissariat Général à la Politique et Propagande Intérieure qui rassemble les Secrétariats Nationaux fonctionne normalement ainsi que l’administration territoriale. Les zones perdues à cause de la défaillance des anciens dirigeants sont reconquises. Les marchés se font à ciel ouvert et les écoles «Kanyeshamba» sont ouvertes en matière d'éducation. Nous vous informons que nous avons besoin du personnel qualifié dans tous les secteurs: santé, agriculture, gestion des finances publiques, enseignement, etc, pour donner un coup de main à ces structures fonctionnelles. Nous avons besoin aussi du matériel pour écoliers et élèves; de l’équipement des dispensaires populaires et des écoles de formation des infirmiers. La population est mieux protégée car elle vaque aux activités champêtres en sécurité.
 
Nous qui sommes sur la ligne de front avec l’ennemi du peuple avons été foudroyés d’apprendre à partir des milliers de kilomètres que vous parlez de la crise depuis la suspension de l’ex Président du CNDD. Cela signifierait que quand la population meurt il y a le bon temps alors que quant elle se relève c’est la crise. Quand vos contributions remplissent les poches de ceux qui ont abandonné la lutte, c’est pour eux de bonne guerre. Mais quand elles servent à ses objectifs premiers, c’est pour eux une catastrophe!
 
C’est certainement le manque d’informations sur la situation de votre pays quand vous vous contentez des informations de l’ennemi alors que le peuple détient la vérité. Nous vous disons qu’à l’heure où nous sommes, soutenir l’ancienne équipe du CNDD n’est pas différent de trahir le peuple qui a choisi d’affronter l’armée de Buyoya. Elle lutte contre vents et marées pour récupérer ce qu’elle a perdu le 21 Octobre 1993.
éloignement mais pas de leur sabotage. S’il sont patriotes, ils doivent entendre l’évangile de la population et des combattants de l’intérieur du pays.
 
Aujourd’hui, Monsieur Nyangoma dit qu’il est soutenu par la communauté internationale et que la population ne fait rien pour lui, oubliant qu’avant de commencer la lutte armée, c’est lui-même qui a lancé un appel à cette même communauté et on connait la suite. Cela fait qu’il doit être jugé par le peuple et, après avoir purgé sa peine, il sera aligné comme d’autres car il est jusque maintenant un membre du CNDD-FDD qui doit s’acquitter de ses obligations patriotiques.
 
Nous ne voudrions pas terminer sans vous informer que le CNDD-FDD est un mouvement de libération et de résistance contre l’armée sanguinaire et putschiste de Buyoya au sein duquel se coalise le peuple en armes. Celui-ci a décidé de détruire à jamais l’armée de Buyoya et, toute action qui tiendra à couvrir ou soutenir cette armée sera combattue. «NTITUZOHINDURA». C’est pourquoi il s’organise toujours pour continuer sa défense.
 
Chers compatriotes et amis de lutte,
 
Pour ce qui se fait à Arusha, ceux qui y participent se partagent les populations des villes, des camps de déplacés et de regroupés, s’ils ne sont pas basés à l’étranger. A-t-on une fois entendu ces partis condamner les exactions que Buyoya et son armée commettent à l’endroit de la population? Cela confirme qu’ils ont d’autres calculs. Pour cela, la population continuera à se défendre avec son armée FDD-Intagoheka. Contrairement à ce que pensent certains, nous ne nous défendons pas pour nous faire entendre. Loin de là. C’est pour nous débarrasser des éléments de l’armée monoethnique qui ne veulent pas qu’il y ait une armée véritablement nationale.
 
La population a fait échouer la Convention de gouvernement. Ce ne sont pas ceux qui ont peur d’une guerre lui imposée qui pourront gagner sur elle. A ceux qui parlent au nom du FRODEBU en tentant de démobiliser ses milittants du front, nous leur demandons de consulter les 90 % de ce parti qui sont totalement confiants en leur victoire. Ces «Grands frodebistes» sont tellement ridicules que vous les rencontrez recrutant l’inscrit de longtemps. Il serait mieux qu’ils nous informent s’il s’agit d’un recrutement pour un nouveau parti, sinon, celui qui a gagné les élections de Juin 1993 est avec le peuple.
 
Du reste, nous demandons à nos compatriotes de l’extérieur de s’investir dans la lutte démocratique par le soutien matériel et moral, de cette manière, ils auront compris. Nous leur demandons en outre de s’informer sur la situation de ceux qui tiennent le terrain avec le peuple démocrate.
 
«Ni harambe CNDD- FDD mu Burundi na Demokarasi ifatiye ku migambwe myinshi, ukwishira n’ukwizana mu gihugu cacu».
 
Vugizo, le 15.08.1998
 
Porte-Parole du Haut Commandement CNDD-FDD
Commandant Évariste NDAYISHIMIYE.-

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