samedi 16 avril 2016

Rwanda v/s Burundi: Décryptage d'une guerre annoncée


RWANDA – BURUNDI
DÉCRYPTAGE D’UNE GUERRE ANNONCÉE

La question est : la guerre aura-t-elle ou n’aura-t-elle pas lieu entre le Burundi et le Rwanda ?

Depuis le début du génocide au Burundi fin avril 2015, le pouvoir de Bujumbura n’a cessé de provoquer le Président Kagame en l’accusant de soutenir les opposants qui s’étaient massivement levés pour contester le maintien au pouvoir du potentat de Bujumbura après avoir épuisé ses mandats électifs à la présidence du pays. Pour toute réaction, le Chef d’Etat rwandais s’est contenté d’alerter l’opinion sur la dérive génocidaire du régime de Bujumbura. Il réagissait aux tueries massives et sélectives des Tutsi qui avaient commencé dans les villages et les quartiers, tueries ponctuées et animées par des discours incendiaires et ouvertement racistes identiques à ceux des responsables et des médias rwandais en 1994, prononcés par les plus hautes autorités du Burundi ( le Président Nkurunziza, le Président du Sénat Ndikuriyo Révérien, le Président de l’Assemblée Nationale et en même temps Président du parti au pouvoir Nyabenda Pascal, le Porte-parole du même parti Ndabirabe Gélase et bien d’autres).

A Bujumbura, ou plutôt à Paris, ce fut en vérité la déception, car l’une et l’autre capitales espéraient que Kigali allait voler militairement au secours des Tutsi massacrés au Burundi, et offrir ainsi sur un plateau en or le prétexte attendu pour envahir le Rwanda. L’espoir y était d’autant plus élevé que Kagame avait un jour déclaré qu’il ne tolérerait pas qu’un génocide puisse encore emporter des innocents, surtout lorsqu’il se déroule à quelques mètres de son territoire. L’annonce ostentatoire du génocide des Tutsi au mois d’avril 2015 par Nkurunziza n’était donc rien d’autre qu’un message adressé à son homologue rwandais pour l’inciter à se lancer dans la guerre. Cela n’a pas eu lieu, Paul Kagame ayant fait preuve d’une retenue à toute épreuve, même lorsque des citoyens Tutsi rwandais ont été pris à partie et assassinés, froidement exécutés ou empoisonnés de force (Six ressortissants rwandais ont été tués par la police et enterrés dans une fosse commune dans la Kibila. L’ancien Ministre et ancien Ambassadeur du Rwanda dans différentes chancelleries, Jacques Bihozagara, a été empoisonné dans une prison de Bujumbura où il était détenu, par les services de renseignement burundais. Ce ne sont que des exemples.).

Il est donc intéressant de comprendre les enjeux, pour mieux réaliser jusqu’où peuvent aller les provocations, et jusque quand Kigali va résister à la tentation.

Tout commence avec la France. Ce dernier pays, cherchant à tout prix à se débarrasser du régime de Kigali qui l’accuse sans fléchir d’avoir participé au génocide des Tutsi rwandais de 1994, a entrepris de caresser la corde ethnique des Bantous voisin du Rwanda, pour les amener à coopérer à l’expédition de destruction de ce dernier. Le Congo de Kabila, le Burundi de Nkurunziza, la Tanzanie de Gikwete, consentent vite à un encerclement préparatif d’un étouffement futur, mais prochain, de celui qu’ils déclarent ainsi gratuitement être leur ennemi n° 1. D’autres pays vont y être conviés, tel que la puissante Afrique du Sud qui aura en plus des contrats miniers et d’armement pour l’opération. L’autre Congo sera également impliqué moyennant uniquement le soutien illégal et antidémocratique du 3ème mandat de Sassou Ngweso, au-delà des Aquintances tribalistes bantoues. L’Afrique du Sud va multiplier les incidents avec le Rwanda en se posant en sanctuaire des opposants à Kagame, Gikwete surgira comme un météore pour exiger contre toutes les lois internationales la négociation avec les terroristes génocidaires interahamwe, le Burundi enverra des centaines de milliers d’imbonerakure en entrainement militaire en RDC qui offre gracieusement les espaces, la coalition France-Afrique du Sud-Tanzanie-RDC se mettra sous la bannière de l’ONU pour aller détruire le M23, considéré comme un mouvement Tutsi capable d’apporter le moment venu un soutien militaire au Rwanda, etc. La France a dépensé de l’argent, depuis la corruption de Gikwete et des autres hyènes bantous (les Présidents africains, dixit TRUMP) jusqu’à l’achat des armes en Afrique du Sud, en passant par les entrainements rémunérés des imbonerakure et le renflouement des budgets toujours déficitaires de la gouvernance de Bujumbura. Elle est maintenant dans l’impossibilité de faire marche arrière bien que Gikwete soit parti et que Magufuri ne semble pas être dans le parfum. Le résultat de l’aventure française serait trop maigre car il serait limité à l’extermination des Tutsi du Burundi, sans atteindre véritablement l’objectif primordial qu’est le Rwanda. La France ira ainsi jusqu’au bout et la guerre aura lieu.

Nkurunziza n’a pas de choix non plus. Outre que c’est la France qui prend des décisions et pas lui, il est talonné par les interahamwe qui le garde, le tiennent à l’œil et qui lui exigent, au risque de l’éliminer, de traverser l’Akanyaru. Il doit donc avancer, et la guerre aura lieu.

Les interahamwe surtout affichent encore plus de détermination. Ils n’ont jamais été en aussi bonne posture pour attaquer le Rwanda. Les indicateurs sont trop favorables pour laisser s’éloigner l’opportunité. Après deux décennies d’humiliation méritée, ils peuvent enfin caresser l’espoir de réaliser une revanche sur leur ennemi de toujours, le Tutsi en général et Kagame en particulier. Pierre Nkurunziza y est aussi attaché et n’a pas de choix, les pays bantous (voir les manifestations anti-Tutsi de Moréal en 2015 en marge de l’Assemblée Générale de l’ONU) et leurs dirigeants leur apportent soutien et sympathie, une grande puissance militaire et économique est engagée à leurs côtés. Les interahamwe sont sans doute en train de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour obtenir cette guerre assistée, et tout fait penser qu’ils l’obtiendront.

Est-ce que le Président Kagame peut l’empêcher ? Rien n’est moins sûr. De toutes manières, s’il est attaqué, il devra se défendre. On parle d’un entassement de troupes du côté burundais sur la frontière entre les deux pays. Apparemment, Kagame a pris résolument l’option défensive. Il a précisé à l’occasion de la commémoration du génocide des Tutsi du Rwanda de 2016, qu’il n’interviendra pas au Burundi quoi qu’il arrive, qu’il défendra les Rwandais dont il a la charge, au cas où le pays serait attaqué. Même s’il a déclaré attendre avec impatience l’attaque du Burundi pour que les deux pays puissent en découdre (« ndaribwaribwa », tout porte à croire qu’il ne fera rien qui pourrait donner prétexte au déclenchement des hostilités.

Tous comptes faits, la guerre est imminente entre Paris et Kigali par Bujumbura interposée, la grande inconnue restant son issue.


Jean Louis MAJANA

7 commentaires:

  1. C'est une bonne analyse de la situation actuelle au Burundi. Mais, avec le Rwanda militairement, c'est l'échec en avance d'autant plus que le Burundi est divisé. En l'intérieur de ce pays les forces de l'opposition ne manqueront pas à l'appel. Rira bien qui rira le dernier.

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  2. L'analyse de Jean Louis Majana est tout à pertinente: tout indique qu'il s'agirait d'une préparation d'un conflitentre Paris et Kigali.

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  3. Nkurunziza akina kunsumbi ariyo ngwara!!!Ubwo buriganya ariko akora ariko akinira kunsumbi ariyo ngwara!!!Arihenda chaaane ngo:Bariko bishimira ubwinshi!!!Ahaaaa !!!Ubwinshi ntacho bivuze,ubunyegeri bwinshi nti bwimba11111

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  4. Le Congo devrait servir de leçon à tous ceux que la guerre interesse. Le Congo est vaste 80 fois le Rwanda ou le Burundi. Alors imaginez vous une guerre d'envergure comme celle qui opposait le Rwanda contre les alliés de Kabila (Zimbabwe, Tchad, Angola etc) au Burundi, ce serait tout simplement catastrophique, il en resterait rien de notre Burundi. Notre soit disant gouvernement devrait arreter d'agir en marionette.

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  5. La guerre au Congo devrait servir de leçon à tous ceux qui veulent la guerre.

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  6. Pauvre President, Il croit qu'il attaquera le Rwanda et que la se passera au Rwanda, il ne pense meme pas qu'il ya grande chance que le Burundi devienne le terrain de guerre et tous le desordre. Qu'est ce qu'il en restera?

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  7. Kagame n'a pas fait mention du Burundi.

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