jeudi 10 mars 2016

​Burundi : une enquête de l'ONU est-elle possible après la première visite de leurs experts ?

Des spécialistes mandatés par l’ONU se sont rendus pour la première fois au Burundi pour enquêter sur les violations des droits de l’homme depuis le début de la crise en avril 2015. Un premier contact "satisfaisant" mais où beaucoup reste encore à faire.

"Il y a une lueur d’espoirs au Burundi". C’est par ces mots que trois représentants de l’ONU, spécialiste des droits de l’homme, ont conclu lors d’une conférence de presse à l’issue d’une visite de huit jours sur le sol burundais.

Les experts ont rencontré non seulement les autorités, mais aussi des groupes de la société civile, des communautés religieuses, et des victimes présumées de violations des droits de l'homme. Ils se sont également rendus dans le centre du pays, pour rencontrer les auteurs du putsch raté du 13 avril 2015, emprisonnés dans une prison à Gitega. Pas de rencontre avec le président Pierre Nkurunziza, mais un entretien avec un des vice-présidents du Burundi.

L’Algérienne Maya Sahli-Fadel, qui faisait partie de la délégation, a expliqué :
Nous avons constaté une accalmie, pas une situation perturbée à Bujumbura. Nous remarquons que le Burundi est à la ‘croisée des chemins’. Du côté des autorités institutionnelle, nous avons le sentiment qu’elles ont une volonté d’aller de l’avant pour améliorer le climat de paix et de sécurité.

Une note positive, que Christof Heyns, un autre membre de la délégation a nuancé en indiquant que « l'avenir du Burundi – sur le plan interne et en tant que membre de la communauté internationale - dépendra de ses performances dans le domaine des droits de l'homme ».
"Une visite trop courte pour tirer des conclusions"

Bujumbura multipliait depuis plusieurs semaines les signes positifs envers la communauté internationale : les mandats d’arrêts contre des personnalités politiques opposées au président avaient été levés et le président Pierre Nkurunziza avait annoncé relâcher 1200 détenus lors de la visite de Ban Ki-moon.

Pour Thierry Vircoulon, analyste senior à l’International Crisis group, cette visite s’apparente davantage à un réchauffement diplomatique qu’à une réelle investigation sur le terrain :
Le positif, c’est que le gouvernement burundais refusait depuis des mois la venue d’experts de Genève [et même l’accueil de troupes de l’Union africaine, Ndlr]. Cependant, cette visite, très courte, a permis de se faire une première idée, mais certainement pas de mener des investigations suffisantes, même si ces experts sont de fins connaisseurs du Burundi.
Pas de visite des endroits clés de la répression à Bujumbura

Pour l’heure, ces experts se sont attachés à rencontrer chaque partie prenante, sans chercher à visiter des lieux clés symboles de la répression dans la capitale.

Des endroits comme les bureaux de la "Documentation", les services de renseignements Nationaux où de nombreux burundais ont affirmé avoir été torturé selon un article rédigé par Jean-Philippe Rémy pour le journal Le Monde. Le journaliste français s’était lui-même retrouvés dans ces bureaux après avoir été arrêtés brièvement à Bujumbura en février dernier. Il racontait :
Dans le secret du SNR, en revanche, tout peut arriver. L’interrogatoire, à coup sûr ; la torture, éventuellement ; parfois la libération ou la disparition. […]Plus tard, enfermé pour une nuit dans un de ces cachots, j’allais découvrir les éclaboussures de sang sur les murs. Il y avait des prises électriques toutes neuves, a priori saugrenues alors que les détenus ne peuvent rien posséder, et qui devaient être si pratiques pour brancher les fers à repasser.


Les enquêteurs de l’ONU n’ont également pas visité les lieux supposés des cinq fosses communes documentées par Amnesty International. Selon les experts de l’ONU, ces étapes devraient être remplies lors d’une seconde phase durant laquelle neuf enquêteurs seront envoyés sur le terrain. Une étape suivante à laquelle ne croit pas Thierry Vircoulon :
Je ne pense pas qu’il soit possible que ces enquêtes plus poussées aient lieu un jour. Dans ces visites d’émissaires de l’ONU, il ne faut pas voir plus qu’un geste conciliant à court terme de la part d’un gouvernement sous pression diplomatique.
Rapport le 21 mars prochain

Le verdict de cette première visite est prévu pour le 21 mars prochain à Genève, avant que les trois experts ne se rendent de nouveau au Burundi en juin prochain.

Pendant ce temps, toujours dans le cadre de l'enquête, une équipe d'observateurs des droits de l'homme doit également être déployée au Burundi dans les prochaines semaines. Le rapport final auprès du Conseil des droits de l’homme est prévu pour septembre 2016.

Alexandre Capron, http://www.itele.fr/monde

1 commentaire:

  1. Ces Experts ne se sont même pas donnés la peine de visiter 1 seul quartier contestataire pour constater le vide qui y règne et s'enquerir des disparitions (quand bien même on met de côté les cachots du Service National de renseignement).
    La communauté internationale se moque au grand jour de la vie des pères/des mères/des frères/des soeurs/des épouses/des enfants.... barundi qui poussent à chaque minute des cris devant la mort leur infligé par leur Président pasteur élu de dieu. Le Président pasteur a opté pour une stratégie de tuer en petit nombre mais journalierement pour ne pas s'attirer immédiatement des ennuis mais a bien mis en place des structures efficaces pour la sale besogne, afin qu'il arrive au même résultat que s'il le faisait en peu de temps. Les forces vives et honnêtes de la Nation ne devraient pas tarder d'agir en fonction.

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