Au Burundi, au moins 17 élèves, âgés pour la plupart de 15 à 18 ans, sont toujours en prison après avoir été accusés d'avoir gribouillé des photos du président Pierre Nkurunziza dans des manuels scolaires. Certains sont incarcérés depuis plus d'un mois et attendent leur procès pour outrage au chef de l'Etat. Cette incarcération est « un véritable choc », souligne la Fenadeb qui regroupe 48 associations de la société civile d’aide à l’enfance.
Les gribouillages sur des photos du président burundais dans des manuels scolaires sont apparus au mois de mai et se sont très vite répandus à travers les écoles de tout le pays. Des centaines d’élèves ont alors été provisoirement exclus de leurs écoles et d’autres sommés de payer pour remplacer les manuels abîmés. Au plus fort de la crise liée à ces gribouillages, il y a eu autour de 44 élèves en prison.
Aujourd’hui, 17 d'entre eux, provenant de collèges et de lycées, sont encore emprisonnés dans plusieurs prisons à travers le pays.
Joint par RFI, Jacques Nshimirimana, président de l’organisation d’aide à l’enfance, la Fenadeb, précise que ce sont « des élèves de 8ème et 9ème année et qui ont, par conséquent, un âge compris entre 15 et 18 ans ». Il informe également que quatre seulement, parmi ceux qui avaient été emprisonnés dans la province de Muramvya, dans le centre du pays, ont été relâchés cette semaine.
« Tous ces enfants sont dans les Centres de rééducation pour mineurs. Ce sont des prisons et cela a donc été un choc pour eux. Nous avons constaté que certains d’entre eux ont même manifesté un état de dépression. Pour la plupart, c’était la première fois qu’ils voyaient des policiers arrêter des enfants à l’école. C’est aussi la première fois qu’ils passaient une nuit dans un cachot. »
Le président de l’association d’aide à l’enfance souligne par ailleurs que gribouiller la photo du président peut constituer « un délit punissable par la loi » mais que la prison pour ces élèves est « disproportionnée » d’autant plus que, faute d’investigations, il est difficile de prouver qui sont les auteurs des délits.
« Nous, au niveau des organisations de la société civile, nous sommes tout à fait d’accord que ce qui a été fait, ce qui a été commis, est un délit qui est punissable par la loi pénale si cela avait été fait par un adulte, mais pour un écolier, pour un élève, pour un collégien, il ne faut pas privilégier l’application de la loi pénale. Ce que nous demandons, encore maintenant, c’est que les 17 soient libérés en attendant l’issue des investigations. »
le 10-07-2016 à 12:51, http://www.rfi.fr/afrique
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