samedi 23 avril 2016

La division des mouvements armés face à la révolution burundaise (par NYAMBARIZA Didier)

LA DIVISION DES MOUVEMENTS ARMES FACE A
LA REVOLUTION BURUNDAISE 
Dans la série des analyses géopolitiques par le Général  Didier Nyambariza

INTRODUCTION
Contribuer à l’édification de la Révolution burundaise pour une paix durable est non seulement un devoir mais une obligation pour tout vrai patriote.
En « décollant » au mois d’avril 2015 avec l’avènement de la révolution sociale incarnée par la société civile ;
En « transitant » au 13 mai 2015 avec l’avènement du coup d’état manqué et  commandité par des Officiers généraux de l’armée et la police;
Et en « atterrissant » a ce mois d’avril 2016, avec l’activation de plus de cinq groupes armés qui ont déjà revendiqués leur existence ;

Le burundais  se pose les questions qu’il n’ose pas crier à haute voix :
- Pourquoi tous ces mouvements armés  opèrent isolement au lieu de s’unir en une seule Alliance pour lutter contre un ennemi commun ?
- Quelles sont les causes de la division des groupes armés qui pourtant revendiquent les mêmes causes, entre autre la lutte contre le pouvoir illégal du dictateur Nkurunziza ?
- Comment justifier la persévérance dans la division qui joue contre le temps de la « Révolution Burundaise » et qui fortifie le CNDD-FDD qui gagne de terrain du jour au lendemain dans le massacre des membres de l’opposition et dans un génocide des Tutsis (camouflé justement en massacres politiques) ?
- A qui profite la division des mouvements armés dans la lutte contre le système tyrannique et oppresseur du CNDD-FDD ?

Cette courte analyse mais riche en réflexion est écrite avec esprit de sincérité et a pour but unique d’éveiller la conscience des vrais patriotes en vue d’adopter une vraie stratégie pour achever la révolution burundaise commencée en avril 2015 et interrompu par le coup d’état raté du 13 mai 2015. Dans l’armée, il est permis de prendre une initiative sans ordres, à la seule condition de réussir ! Le coup d’état raté a joué à l’encontre de la révolution sociale et a fortifié le pouvoir sanguinaire du CNDD-FDD!
A cause de cette faute grave, nous avons perdu et continuons à perdre nos enfants, parents et amis ; certes nous avons perdu des batailles, mais nous n’avons pas encore perdu la guerre. Cependant, c’est en reconnaissant les erreurs et en les corrigeant qu’on peut avancer vers la victoire finale. Même dans le chaos, il y a l’opportunité, Sun Tzu !
LA NYAKURISATION DES PARTIS POLITIQUES
NYAKURISER /NYAKURISATION sont respectivement un verbe et mot (féminin) français inventes au XXIe par les pouvoirs en place au Burundi, et qui viennent du mot burundais NYAKURI, qui veut dire « LE VRAI ». En effet, il s’agit d’opposer à chaque parti d’opposition, un autre parti pro-gouvernemental du même nom, créé pour remplacer le parti original, tel que par exemple le FRODEBU-NYAKURI de Jean Minani qui a opposé le FRODEBU de Léonce Ngendakumana pendant les élections de 2010. C’est ainsi qu’on a eu au Burundi deux FRODEBU, deux FNL, deux UPRONA, deux UPD, trois CNDD-FDD/CNDD/FDD, etc. ; il n’y a que quelques partis politiques qui ont échappés a cette NYAKURISATION, tels que le PARENA de J.B. Bagaza et le MSD d’A. Sinduhije.
C’est ainsi qu’en 2010, les Partis politiques victimes de la NYAKURISATION, se sont réfugiés au sein de l’ADC-IKIBIRI, une Alliance pour survivre la domination et l’occupation du régime dictatorial du CNDD-FDD.   
Durant la période de 2010 à 2013, nous avons assisté à la renaissance des mouvements armés, sous influence des leaders politico-militaires en exil, tels que le FNL, LE FRONABU-TABARA, le FRD, le PRM, L’ADN, l’UPR, tous ayant des combattants éparpillés dans tout le pays avec des bases-arrières dans le Sud-Kivu.
Face au manque d’alliance de ces mouvements armés, dû en premier temps au manque d’unité des membres de l’ADC-IKIBIRI, le CNDD-FDD a gagné de terrain, attaquant continuellement ces mouvements au Burundi comme au Sud-Kivu vers 2012-2013, avec la complicité de l’Armée congolaise (FARDC) renforcées par les combattants démobilisés du CNDD-FDD, qui s’entrainaient au Sud-Kivu pour créer la milice IMBONERAKURE (prévue d’avance pour supporter le troisième mandat illégal de Nkurunziza).
Aujourd’hui, certains mouvements armés tels que le FRD ont disparu, d’autres ont changé  d’appellation, tels que l’ADN transformée en ALLIANCE INTORE, le FRONABU-TABARA probablement transformé en RED-TABARA, d’autres vont survire (en jachère) tels que le FNL, le PRM (MRP), le UPR pour resurgir avec les mêmes appellations ; tandis qu’il y aura un nouveau mouvement visiblement créé par les putschistes du 13 mai, le FOREBU !
LES FORCES DE L’ORDRE BURUNDAIS (ARMEE/POLICE)
Les forces de l’ordre, l’Armée (Forces de Défense Nationale et des Anciens Combattant) et la Police (Police Nationale Burundaise), issus des accords d’Arusha, ont été composées sur base de division ethnique (voir 50% hutu, 50% tutsi), dans le but de sécuriser le pouvoir politique de toute dominance ethnique. Elles sont donc par définition, neutres, apolitiques et ont que le but principal de sécuriser et défendre la démocratie et le peuple burundais.
La réalité est autre ; loin de sécuriser et défendre le peuple et la démocratie, ces forces FDNAC et FDN sont divisées en deux groupes :
  • Le groupe d’officiers militaires et policiers (à majorité hutue), fidèle au parti CNDD-FDD de P. NKURUNZIZA qui a décidé d’ignorer la Charte des Nations Unies, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, l’Accord d’Arusha et autres accords pour le développement socio-politique :
  • en devenant « politique » pour imposer la dictature du CNDD-FDD par les armes, contre les principes démocratiques ;
  • en mettant sur place une milice « HUTU » du parti CNDD-FDD pour implanter un pouvoir HUTU à l’encontre de l’Accord d’Arusha ;
  • en adoptant délibérément une politique de la division ethnique au sein des Forces de l’ordre pour appliquer un plan caché de génocide contre les Tutsis camouflé très malignement en conflits politiques ;
  • Le groupe d’officiers militaires et politiciens (Hutus et Tutsis), qui sont contre la dictature du CNDD-FDD, et qui sont soit arrêtés soit kidnappés journalièrement pour être assassinés, et qui pourtant ont la volonté cachée:
  • de se libérer contre la tyrannie et l’oppression du CNDD-FDD ;
  • de devenir une Armée et une Police professionnelle, digne de participer aux opérations de maintien de la paix dans le monde entier, tout en garantissant la sécurité et la protection de la population et de la démocratie ;
  • de soutenir une Alliance forte de mouvements armés composés par ailleurs d’ex-compagnons de lutte hutu/tutsi, pour enfin accomplir une fois pour toute la REVOLUTION BURUNDAISE dont le peuple burundais mérite ;
En résumé, la force actuelle du CNDD-FDD repose actuellement sur une minorité d’officiers et soldats FDNAC/PNB appuyée par une milice sanguinaire d’IMBONERAKURE et d’INTERAHAMWE contrôlée par le Service National de Renseignement (SNR), qui profite de la division des groupes armés pour massacrer la population tout en terrorisant la majorité silencieuse des membres de l’armée et la police burundaise.
LES MOUVEMENT ARMES POUR LA REVOLUTION BURUNDAISE
Ce n’est plus un secret, des leaders politico-militaires ont à tour de rôle, annoncé  et publié la création ou l’activation des mouvements politico-armés. Il s’agit par ordre alphabétique :
  • Le FNL (Forces Nationales de Liberation) dont l’aile militaire est dirigée par l’ex-officier FNL Aloys Nzabampema (déserteur FDNAC/2011) ;
  • Le FOREBU (Forces Républicaines du Burundi) dont l’aile militaire est dirigée par l’ex-officier CNDD-FDD Godefroid Niyombare (déserteur FDNAC/2015) ;
  • Le MRP (Mouvement de la Resistance Populaire) dont l’aile militaire est dirigée par l’ex-officier FAB Didier Nyambariza (déserteur PNB/2011) ;
  • Le RED-TABARA (Résistance pour un Etat de Droit au Burundi) dont l’aile militaire est dirigée par l’ex-SMO Melchiade Biremba ;
  • L’UPR (Union des Patriotes pour la Révolution) jusqu’ici revendiquée par son Porte-parole, l’Honorable Vincent Gahungu ;
Il faut noter que tous ces mouvements ont des acteurs politiques, « camouflés » pour des raisons de sécurité. Les raisons principales qui ont poussé ces mouvements à ne pas s’allier sont les suivantes :
  • Le complexe de supériorité des uns qui pensent que les autres doivent se soumettre :

Tout complexe en soi est un défaut, mais analysons le concept de la stratégie de l’alliance ! Des mouvements armés créés différemment et combattant une même cause doivent être considérés comme des forces complémentaires comme les membres d’un même corps ou les doigts d’une même main. Le vrai leadership est de comprendre que chaque membre du corps a un rôle unique que l’autre membre de ne pas effectuer. Pour la bonne marche du corps, chaque membre doit être remplir son rôle.
Dans le cas du corps humain, c’est le cerveau qui se charge de transformer l’alimentation pour nourrir chaque membre selon les rôles et les énergies qu’il faut pour accomplir les différentes taches.
En pratique, chaque mouvement armé a ses points faibles et points forts (sans entrer en détails), et c’est cette diversité qui fait que l’Alliance soit la meilleure stratégie pour vaincre un ennemi commun ; surtout quand la cause de la lutte est commune, juste et compréhensible.
Et pourtant, dans le cas du Burundi, certains mouvements armés, se croyant plus forts par le seul critère d’être privilégiés par des bailleurs acquis à tout prix, ont préféré cavaler seuls, causant des dégâts humains et matériels d’une population burundaise non-protégée, et sans aucunement inquiéter l’ennemi.
Et pourtant, on le répètera toujours à quiconque veut le croire, l’alliance de tous les mouvements armés existants auraient infligé de grosses pertes à l’ennemi et permis le contrôle de plus de la moitié du territoire burundais !   
  • Le manque de leadership pour comprendre les intérêts de la stratégie de l’Alliance :

Sans entrer en détails de l’historique mondiale des mouvements armés, l’exemple du cas du NRM ougandais (MRN : mouvement de la Résistance Nationale) peut donner leçon à quiconque espère réussir la vrai REVOLUTION BURUNDAISE. Le parti NRM (Nationale Résistance Mouvement) est né d’une alliance de plusieurs mouvements armés qui se battaient successivement contre les régimes sanguinaires de l’Uganda:

  • Au début vers les années soixante-dix, l’actuel Président Museveni, après sa participation au mouvement FRELIMO (Mozambican Liberation Front), va mettre en place le mouvement FRONASA pour combattre le gouvernement sanguinaire de Idi AMIN.
  • Le FRONASA du Munyankole Y.K.MUSEVENI deviendra plus tard le PRM/PRA (Popular Resistance Army) et devra s’allier (pour avancer) à plusieurs rebellions locales, dont les plus important étaient le UFF (Uganda Freedom Fighters) du Muganda Yussuf LULE, le UNRF (Uganda National Rescue Front) et le FUNA (Former Uganda National Army) créés par ex-officiers de l’Armée ougandaise (UNLA ou UPDA) qui avaient fui le gouvernement.
  • En 1981, l’UFF de LULE finira par s’imposer majoritairement en s’alliant avec la majorité des combattants UNRF/FUNA, et accepta finalement une alliance avec le PRA de Museveni, créant ensemble le NRA (National Resistance Army) avec le NRM comme branche politique.
  • En 1986, le NRA de Y.K. MUSEVENI et Yusuf LULE soutenu par la Tanzanie et d’autres pays africains, et appuyé moralement par la Communauté internationale, s’empare militairement de Kampala après cinq ans de résistance armée !
Bref, inutile de chercher une seule révolution dans le monde entier qui n’a pas réussi grâce à la stratégie de l’Alliance ; exceptée le cas du Burundi, où des leaders politico-militaires de certains mouvements armés  ont eu juste «la malignité et/ou la chance» de rafler les aides économiques de la diaspora; et au lieu de penser « ALLIANCE » comme l’ont fait le CNT libyen, le NRA ougandais, le RPA rwandais, l’AFDL congolais, les Mouvements du printemps arabes et autres, ces leaders politico-militaires burundais ont opté, dans un esprit d’égoïsme et/ou d’ignorance, de marginaliser les autres mouvements armés possédant d’autres expériences complentaires qui auraient permis de neutraliser la minable milice d’IMBONERAKURE en moins d’un mois et d’occuper plus de la moitié du territoire burundais ; permettant  au moins de négocier à forces égales en Tanzanie, à défaut d’éradiquer définitivement le CNDD-FDD de la surface du globe terrestre. Reste à savoir si les acteurs politico-militaires ex-CNDD-FDD, communément appelés frondeurs, auraient eu le courage d’abandonner le berceau qui les élevé ou auraient décidé de faire l’impossible pour le sauvegarder (Mucezo Wa Ndani) !!!
CONCLUSION
A qui profite la division des mouvements armés contre le régime sanguinaire du CNDD-FDD ? Visiblement, le CNDD-FDD joue les prolongations tout en prévoyant de jouer la carte des négociations, SI ET SEULEMENT SI, c’est nécessaire !!!
En attendant la mise en place d’une probable transition politique qui sera négociée avec des frondeurs politico-militaires « nyakurisés » en CNARED, de manière à gagner les élections de 2020, le CNDD-FDD continue d’éliminer le maximum d’opposant politique hutu/tutsi, tout en mettant en œuvre un génocide des Tutsis, lent et camouflé, grâce aussi à la complicité d’une Communauté Internationale occupée à résoudre d’autres problèmes plus sérieux dans le monde.   
Il est temps que les leaders politico-militaires des mouvements armés acceptent que seule l’Alliance peut mener à une victoire certaine, sinon avec ou sans alliance, les vrais révolutionnaires s’allieront pour continuer la Révolution burundaise, surtout qu’on assiste ces derniers jours à la création d’autres mouvements par des leaders qui n’ont pas eu les mains sales dans l’histoire politico-militaire du Burundi, tels que le MORENA (Mouvement Républicain pour la Renaissance de la Nation) du Maitre Isidore Rufyikiri ou encore le CORENABU (Conseil pour la Reconstruction de la Nation Burundaise) du Docteur Dieudonné Barahinduka.

A LUTA CONTINUA, VITORIA ACERTA !

Général NYAMBARIZA Didier

1 commentaire:

  1. Si c'est sincère, ce serait une bonne stratégie. Dans toute Alliance, la notion de sincérité est un fondement indispensable, la sincérité est le ciment de l'Alliance. Après viennent la responsabilité (dans les accords d'alliance et dans les actions menées ou à mener), la communication et la réciprocité. Mes vifs encouragements à franchir cette étape importante

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