Le Burundi en proie à des violences abominables depuis bientôt une année
Pourquoi l’ONU ne tire aucune leçon de son échec dans la prévention du génocide au Rwanda?
Depuis bientôt une année, le Burundi semble renouer avec les démons de la violence et des atrocités sans nom et on ne dira point, cette fois-ci, que les massacres et les atrocités de ces onze derniers mois sont le fait des communautés qui se regardent en chiens de faïence; le produit de massacres interethniques comme on l’a toujours dit, histoire d’éviter sciemment de les qualifier et d’en assumer la responsabilité. La gêne est d’autant plus perceptible et compréhensible quoiqu’absolument inacceptable, qu’aucun gouvernement n’oserait assumer à la face du monde son implication ou mieux, sa responsabilité dans la planification et l’exécution d’un projet aussi odieux que le génocide.
Or, depuis le 26 avril 2015, des éléments des forces de sécurité burundaises couplés avec la milice d’état, les Imbonerakure violent, pillent et tuent des populations paisibles, sans aucune retenue.
On en arrive aujourd’hui à un chiffre effrayant de plus 1000 personnes tuées et plus de 250000 personnes réfugiées dans des pays voisins comme le Rwanda, la Tanzanie et la RDC. Ces populations ont fui la violence physique, le discours belliqueux et va-t’en en guerre des voisins instrumentalisés tout comme des officiels. Des quartiers dits contestataires du fameux troisième mandat présidentiel que ni la Constitution ni l’Accord d’Arusha n’autorise se sont progressivement vidés de populations.
Et pourtant le discours teinté d’autant de nombrilisme que de cynisme de la part du pouvoir est quasi invariable, quand il répète à l’envie que le Burundi est en sécurité à 99 %. Impossible donc de croire qu’une organisation aussi importante et aussi informée que l’ONU ait osé croire à la véracité d’un tel discours. Auquel cas, on serait raisonnablement tenté de conclure qu’ou bien cette organisation pourtant chargée de garantir la paix dans le monde a failli à sa mission ou qu’alors elle est résolument de mèche avec le pouvoir de Bujumbura qu’il n’a, en réalité, jamais contraint à respecter des règles minimales en matière de démocratie et de bonne gouvernance.
D’ailleurs la dernière résolution des Nations Unies, qui fait état «d’une présence de police des Nations Unies, non armée, (ndlr) pour renforcer la capacité des Nations Unies de surveiller les conditions de sécurité, de promouvoir le respect des droits de l’homme et de faire progresser l’état de droit», http://www.un.org/press/fr/2016/cs12315.doc.htm, en dit long sur le peu de diligence avec laquelle la problématique burundaise est traitée. Et pourtant, quand bien même les autorités burundaises auraient montré, ces derniers mois, qu’elles sont passées maîtres dans le déroulement du tapis rouge en faveur de grandes délégations internationales, il n’en reste pas moins que ce tissu de soie si prisé par la diplomatie internationale cache une mer de sang au Burundi dont personne ne veut ni ne peut mesurer l’étendue.
N’empêche, toutes les organisations des droits de l’homme affichent leur unanimité dans la dénonciation des violences et du terrorisme d’état qu’aucune morale ne saurait tolérer. Cependant, les signaux rouges qu’envoie le pouvoir illégitime de Bujumbura étonne par leur abondance et par leur similitude avec ceux observés au Rwanda avant le génocide de 1994: discours débridé et dégradant pour humilier, animaliser et terroriser les opposants et inviter une partie de la population à anéantir ses compatriotes, au motif qu’ils sont ethniquement différents et donc pas faits pour vivre ensemble; érosion et verrouillage de l’espace public; diabolisation de tous les témoins actifs et attentionnés comme les églises et associations de la société civile; recherche d’ennemi facile et tout désigné comme l’ancien colonisateur et le pays voisin aux mêmes composantes ethniques que le Burundi; production éhontée de réfugiés et surarmement et importation de milices, etc.
Au Burundi et en dehors de tous les boucs émissaires affichés et médiatisés à outrance, il n y a qu’un problème et un auteur, ce qu’un secret de Polichinelle. C’est bel et bien le troisième mandat de triste mémoire comme problème et Pierre Nkurunziza pour auteur du problème. Il y a aussi tous ces thuriféraires qui le suivent sans façons dans sa descente aux enfers. Tous les autres faits et gestes que nous ressassent les autorités de Bujumbura, pour justifier la violence d’état, ne sont purement et simplement que des alibis pour commettre l’irréparable et assouvir leur appétit pour les plus hauts strapontins; niveaux de pouvoir qui leur garantiraient l’impunité de tous les crimes commis avant et après le maquis.
Point, somme toute, lumineux sur ce tableau noir de crimes odieux et sans nom, la population dans son ensemble qui n’est pas formée que d’Imbonerakure. Elle est mûre et sait distinguer le bon grain de l’ivraie. Elle comprend tout et scrute absolument tout en silence; silence malheureusement imposé par la machine létale du gouvernement. Il faut ici saluer aussi le travail des médias surtout privés qui leur avaient ouverts les yeux sur le déficit de gouvernance au niveau des gestionnaires de l’État, sur les causes profondes des divisions qu’elles ont subies et sur leurs vrais ennemis à savoir le manque de gouvernance responsable et éclairé. Il faut saluer aussi le caractère multicolore de l’opposition au pouvoir de Bujumbura: il s’y côtoie des gens de toutes ethnies, de toutes religions, de toutes régions, de tout âge et des deux genres.
L’autre aspect intéressant à signaler, et ici «A quelque chose malheur est bon» comme on dit, c’est la mauvaise gouvernance qui n’est ni hutu ni tutsi. Elle est simplement une défaillance humaine qui est, hélas, si bien partagée chez des personnes incompétentes, tout au moins en matière de gestion de la chose publique. Ajoutons qu’on n’en a, tout de même, pas fini avec les choses reluisantes malgré la lassitude et le pessimisme qui gagnent les uns et les autres face à l’avenir, à leurs yeux incertain, du Burundi. L’armée n’est pas si divisée qu’on serait tenté de le croire. C’est une «grande muette» qui est encore et toujours convaincue que seule la discipline et l’esprit de corps font la force de toute armée et de tout corps de police. Ce sont les gens qui y croient qui en limitent encore l’implosion avec certes une foi, de plus en plus précaire et des moyens du bord. Sinon, aucune autorité n’aurait encore le culot de parler au nom de la nation.
Cependant, à trop jouer avec le feu on finit par se brûler les doigts. Malheureusement, un tel jeu expose tous les Burundais et c’est ce que la communauté internationale, à l’exception de l’Union Européenne qui a tenu parole en décrétant des sanctions économiques à l’encontre du gouvernement burundais, n’arrive pas encore à comprendre, à moins de faire mine de l’ignorer.
Nous en voulons pour preuve la Communauté est africaine (EAC) qui est censée abriter la médiation; l’Union Africaine (UA) qui n’a pas su joindre l’acte à la parole (l’envoi des 5000 hommes ayant été renvoyé aux calendes grecques) lors du sommet des chefs d’état qui a eu lieu fin janvier 2015 et les Nations Unies qui ne tirent, finalement, aucune leçon de leur échec en matière de prévention du génocide au Rwanda. La récente résolution de l'ONU sur un texte élaboré par la France semble être la reproduction du même schéma que celui de faible effectif appliqué notamment au Rwanda et dont nul n'ignore les conséquences tragiques. On rappellerait ainsi que déjà en 1994, le Général canadien Roméo Dallaire avait vu son effectif de militaires passer de 2500 hommes à 200 et on connait la suite.
A l'époque Koffi Annan était Secrétaire adjoint en charge des opérations de maintien de la paix. Il regrettera plus tard de n’avoir pas pris de bonnes décisions au bon moment.
Le Lieutenant Général Roméo Dallaire alors commandant de la Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda dira qu’il a serré la main du diable (expression qui rappelle le titre de son livre paru en 2003 et intitulé : «J’ai serré la main du diable : la faillite de l’humanité au Rwanda» dans ses tentatives de sauver les 10 para commandos belges qui furent exécutés le 7 avril 1994. Le 15 avril 2000, il déclare au quotidien canadien La Presse ce qui suit: « Je vis la culpabilité d'un commandant qui a vu sa mission ne pas aboutir à un succès. Je vis aussi avec cette culpabilité vis-à-vis des Rwandais à qui on a donné l'espoir du succès de leur projet de paix et qui, ultimement, se sont fait massacrer en nous regardant avec des yeux d'incompréhension pendant que nous étions impuissants à faire quelque chose. Il est normal pour un commandant de se poser des questions, de se dire : « Peut-être que j'ai argumenté, mais je n'ai pas convaincu. Peut-être que je n'ai pas utilisé les bonnes méthodes ». https://fr.wikipedia.org/wiki/Rom%C3%A9o_Dallaire.
Depuis lors il ne cesse d’alerter le monde sur les risques d'une tragédie semblable dans cette région d'Afrique des Grands Lacs, si la communauté internationale ne fait pas de la politique de prévention du génocide une nécessité absolue. Dans un élan d’humanité dont il n’a cessé de faire preuve, Roméo Dallaire dit encore ceci : «J’ai toujours pensé que si nous croyons vraiment que tous les êtres humains sont humains, alors s’employer à prévenir les génocides est le moyen de le prouver». http://romeodallaire.sencanada.ca/fr/prevention-du-genocide. Décidément l'ONU n'a hélas, rien appris du génocide rwandais de 1994!
_____________________________________
©Alliance des Burundais du Canada, ABC
Les" Nations Désunies"sont dirigées par une marionnette qui est à la solde des grandes puissances dont la Fance qui soutient corps et âme Le sanguinaire Nkurunziza (Raison?)en cachette comme elle le fait bien d ' habitude mais ces derniers jours elle ne le cache plus.Nkurunziza ne peut pas afficher une telle arrogance sans soutien des puissances étrangères. Chercher donc de ce côté là les causes profondes du drame actuel au Burundi et donc de ces bis repetita de génocides. La France n ' a jamais digéré son échec au Rwanda. Les morts des tutsi n ' est pas son problème manifestement.
RépondreSupprimerJe remercie ABC pour cette analyse de la situation au Burundi.Je déplore effectivement que " l'ONU n'a hélas, rien appris du génocide rwandais de 1994!". Les burundais commencent à remarquer que cette organisation soutient les génocidaires des pays des grands Lacs.Que faire nous les burundais qui restent au Burundi et ceux vivant à l'étranger? Nous assistons toujours à des choses terribles et nous nous décourageons car faibles devant la machine génocidaire .L’État burundais use de tous les moyens possibles pour massacrer tous les enfants qui se sont opposés au 3è mandat de NKURUNZIZA.Disons que le 3è mandat est là , les contestataires doivent mourir nécessairement au moment où l' on est à l'ère de la liberté et de la démocratie ; des concepts introduits par l'ONU et les pays puissants dont la France qui héberge et protège le cerveau des génocidaires rwandais et qui aujourd'hui soutient les génocidaires burundais et les ex-far interahamwe !Le système mondial de gouvernance est aujourd'hui très défaillant nous arrivons au point culminant du mal , et je comprends pas comment on peut soutenir des organisations qui commettent des crimes contre l'humanité!Ce sont les burundais qui doivent prendre leur destiné pour se libérer du joug de la haine et des intérêts égoïstes de ce monde! Merci chère ABC courage!
RépondreSupprimer@ Moderateur "bujumbura news" : GERAGEZA MUSHIREKO IZI COMMENTAIRES ZIMAZE IMINSI MURI BOITE YANYU. NI ZITATU AU TOTAL.
RépondreSupprimerAre you serious?
"Au Burundi et en dehors de tous les boucs émissaires affichés et médiatisés à outrance, il n y a qu’un problème et un auteur, ce qu’un secret de Polichinelle. C’est bel et bien le troisième mandat de triste mémoire comme problème et Pierre Nkurunziza pour auteur du problème"
Iyo TROISIEME MANDAT ipfana iki na PLANIFICATION D'UN N-IEME GENOCIDE contre les TUTSI?
- Igihe RADJABU na PITA badistribua inkoho cumi cumi ku mutumba en 2005 kugira bategure IMBONERAKURE gukora GENOCIDE, hari TROISIEME MANDAT yari bwatere?
- Alice NZOMUKUNDA yavyitegereje, agaca ademissiona, agahunga, kugira ashobore kubivuga, muri Septembre 2006, ntimwamwumvise?
- Umuhutu Bernard NTUNGWANAYO, Vice-Presida wa FNL-PALIPE-IRAGI-RYA-GAHUTU, uvyo yavuze kuri preparations za massacres na Genocide contre Abatutsi kuva kera cane, bakiri mw'ishamba, ntimwavyumvise? Hari TROISIEME MANDAT yari bwazemwo igihe yabimenya neza muri 2007 ?
- Gervais RUFYIKIRI igihe yashikiriza ko NKURUNZIZA yateguye kwica Abatutsi kugira abihore ngo ko bishe Se wiwe muri 1972, aho bikaba vyamujemwo kera cane ataraja no mw'ishamba, co kimwe n'abandi ba DD bitwa ngo ni ORPHELINS DE 72, ntimwamwumvise? None hari ico 1995 (igihe PITA yafata inzira yo mw'ishamba kuja KWIHOORA ABATUTSI) ipfana na TROISIEME MANDAT ya 2015 ?
- Igihe uwo RUFYIKIRI nyene ababwira ko kuva bagishika ku butegetsi muri 2005 baciye batangura KWIBA AMAHERA YOSE ASHOBOKA kugira bakwiragize IMBONERAKURE mu gihugu cose, mu gushira mu ngiro umugambi wo KWICA ABATUTSI, hari TROISIEME MANDAT yari bwatere mu Burundi?
BIRAKENEWW CANE KO "ABC" i-clarifia imigambi yayo par rapport y'ibintu nkivyo vyo KWIVUGISHA IBINTU BIKIKAMYE, kugirango yiyihanize kudoma urutoke ku "Gisebe ca Genocide". Comme disait ALBERT CAMUS, "Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du Monde".