Burundi : l’esprit des femmes et filles tuées hante le pouvoir, l’honneur des femmes et filles violées clame justice
L’ABC Ottawa-Gatineau célèbre la Journée internationale de la femme dans la méditation
En cette date du 8 mars 2016, les femmes et filles membres de l’Alliance des Burundais du Canada, ABC Ottawa-Gatineau, en compagnie de leurs frères et sympathisants, ont organisé une veillée en souvenir des femmes et filles burundaises tuées par le pouvoir illégitime de Nkurunziza sans oublier celles qui ont tête violées au cours de cette crise qui n’a que trop duré.
En convergeant vers la colline parlementaire d’Ottawa tout en bravant le froid, ces Burundais n’avaient qu’une idée en tête: dire non à l’horreur et l’innommable qui ont frappé leurs nombreuses sœurs du Burundi. Au cours de ce rassemblement en ce lieu chargé de symbole, ils portaient une arme redoutable: une détermination sans faille et une foi infaillible dans la cause des femmes engagées pour la défense de leurs droits.
Le lieu retenu pour la commémoration de cette importante journée était plus qu’indiqué pour réclamer le respect des droits de celles qui «tiennent entre leurs mains le salut du monde» pour paraphraser Léon Tolstoï. Il s’agit du siège du parlement canadien autour d’un espace hautement symbolique: la flamme éternelle, flamme du centenaire allumée pour la première fois le 1 janvier 1967 et symbolisant l’unité canadienne d’un océan à l’autre.
Pour les femmes dont les droits sont respectés et il en existe quand même dans plusieurs parties du monde, même si la vigilance s’impose, cette date est une occasion d’évaluer le pas franchi enmatière de consolidation de ceux-ci. Pour les femmes burundaises, par contre, c’est sans doute une occasion de voir ensemble comment faire face au recul important en matière du respect de leurs droits, l’année 2015 ayant sans doute été la plus caractéristique du déni de ces droits par un pouvoir qui n’a rien compris de la dignité et du respect des droits élémentaires de l’être humain.
La raison d’être de cette veille citoyenne transparaissait dans cette allocution de Madame Appolonie Simbizi qui s’exprimait au nom de l’assistance : «Aujourd’hui, alors que le monde célèbre la journée internationale de la femme, les Burundaises vivent un calvaire innommable. Elles sont victimes des viols collectifs par les forces de l'ordre et les miliciens du régime de Bujumbura, elles sont réfugiées dans les pays voisins et ailleurs; veuves dont les maris ont été massacrés par le pouvoir en place, des mères perdent leurs fils et filles sans raison...D'autres sont emprisonnées ,enlevées ,torturées et tuées comme leurs frères par ceux qui sont censés les protéger. Nous voudrions souligner sur cette liste particulièrement nos jeunes, le Burundi de demain, qui sont torturés, ligotés à mort, fauchés dans la force de l’âge, sans crier gare et à l'abri des regards, sans témoins puisque le bourreau s'est bien préparé à l'avance, en mettant le feu aux radios indépendantes qui auraient pu alerter le monde».
Au cours de l’année 2015, en effet, plusieurs femmes et filles burundaises ont été tuées et violées, la plupart de ces dernières dans la fleur de l’âge, le fait le plus regrettable ayant été les viols collectifs. Pour Madame Simbizi, tout commence en date du 10 mai 2015 quand des dizaines de femmes sont descendues dans la rue pour manifester contre le troisième mandat illégal de Nkurunziza : «Tout le monde a en mémoire les gaz lacrymogènes et les jets d’eau qui leur ont été lancés sans pour autant les décourager! –Des prières, l’Hymne National, des chants pour la paix; elles ont fait ce que les autres n’auraient pas réussi à ce moment- En témoigne la manifestation du 10 mai 2015 à Bujumbura, où plus de 200 femmes de tous les quartiers ont bravé l’interdit et les cordons policiers; elles sont descendues dans la rue et ont été les premières à arriver au centre-ville à cette période!»
Cela dit, même si tous ces cas ont été documentés et dénoncés par les organisations des droits de l’homme, aucune enquête crédible n’a été diligentée, les autorités publiques s’étant contentées denier le fait mais cela n’étonne évidemment personne, vu leur mutisme habituel vis-à-vis d’actes criminels et répréhensibles commis par leurs sbires. Même en dehors de leur mère-patrie dans les cas de refugies ces malheurs suivent les femmes burundaises comme une ombre. «L’ONG Refugees international a recensé le nombre, probablement sous-estimé, de 600 cas de violences faites aux femmes, entre mai et septembre 2015.» http://agencebujanews.blogspot.ca/2016/03/les-burundais-sont-toujours-plus.html
A l’occasion de la journée internationale de la femme, la préoccupation de l’ABC n’était pas de brandir les statistiques même si celles-là sont de plus en plus disponibles et qu’elles font froid dans le dos. Les dizaines de photos montrées étaient un témoignage vivant, l’exemple même de ce que l’on doit éviter de faire quand on prétend diriger un pays de droit. «L’image vaut mille mots» dit-on. Les images insoutenables des femmes et filles tuées sont une preuve devant l’histoire que le gouvernement illégitime de Bujumbura a dépassé les limites du tolérable même dans un régime dictatorial.
Les femmes ça se respecte, un point un trait. Ce sont les piliers de la famille, de la société; ce sont les gardiennes et les dispensatrices de valeurs humaines et morales de toutes les générations. Des poèmes ici comme ailleurs ne tarissent pas d’éloge et d’admiration envers ces êtres d’entière donation dont la vie serait tout simplement inconcevable sans elles. Un proverbe sénégalais dit qu’«éduquer une femme c’est éduquer une nation». Quelle sagesse! Un proverbe qui dit tout à l’occasion de cette journée reconnue internationalement depuis 1977, date à laquelle les Nations Unies l’ont instituée pour attirer l’attention de la communauté internationale sur le respect des droits des femmes.
Dans le silence de la nuit froide du 8 mars 2016, une minute de silence a été observée, autour de la flamme centenaire, en l’honneur de nombreuses femmes et filles tuées et violées au Burundi par les «forces de l’ordre» et la milice présidentielle, les Imbonerakure. Unies par le souvenir et le devoir de mémoire, les femmes et filles rassemblées à Ottawa devant le Parlement canadien ont juré de ne jamais garder le silence sur la barbarie et l’horreur que Nkurunziza et ses sbires imposent au Burundi depuis qu’il est au pouvoir. «Le combat est grand, et le chemin est encore long. Mais ceci doit s'arrêter (Dixit Madame Simbizi). Nos mères, nos sœurs, nos frères, nos maris, nos enfants ont besoin de liberté pour vaquer à leurs occupations sans crainte. Ils ont besoin de justice dans leur pays (devenu une sorte de jungle).
C'est pourquoi nous demandons l'appui du Canada pour plaider en faveur de la mise en place d'une commission d'enquête indépendante pour identifier les criminels et pour que la Cour Pénale Internationale fasse son devoir de juger les auteurs de ces crimes contre l'humanité qui sont commis au Burundi.»
Rappelons que les agissements du pouvoir et l’horreur que celui-ci fait subir au peuple burundais ne s’apaisent pas, bien au contraire. Ils ont été portés à la vitesse supérieure depuis la fin de l’année dernière, le repère de triste mémoire étant avril 2015, date à partir de laquelle le président Pierre Nkurunziza traîne, tel un boulet, le péché d’avoir volé un mandat; ce mandat de la honte.
© Alliance Burundaise du Canada, ABC
merci de nous soutenir nous les meres qui sommes a bujumbura.nous sommes vraiment dans des conditions tres peureuses mais toutes choses ont un debut et la fin.un jour nous chanterons la victoire c'est sur.
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